Je compte raconter l'histoire de mon personnage afin de mieux le comprendre. Stupide, me direz-vous, sachant que c'est moi qui influe directement sur ses réactions et sur les évènements qu'il rencontre. Erreur. Je peux mettre plusieurs péripéties qui forceront mon personnage à réagir en fonction de son caractère. Caractère que j'ai crée, certes, mais qui influera grandement sur l'histoire. C'est pour cette raison qu'un rp qui présente son personnage sous toutes ses facettes est de loin le plus dur. Il faut adapter ses réactions en fonction de la situation. Mais comment le faire sachant qu'on ne sait pas ce qu'il pense? Et bien parce que j'ai remarqué que généralement, un personnage reflète en partie la personnalité de celui qui l'a crée. Donc, a partir de là, il devient beaucoup plus facile de le faire réagir en se basant sur son propre caractère. On finit par s'identifier a celui ou celle que l'on a crée. C'est d'ailleurs pour cela qu'une écriture a la première personne est plus simple. Mais, pour ce rp, je vais écrire a la troisième personne pour marquer une différence entre certains points de la philosophie et de psychologie de mon «héros» et des miens. Certains y seront ressemblant, d'autres non. Tout ça pour me justifier du changement d'écriture. Ne comptez pas non plus voir de l'action en masse, il n'y en aura pas. Ce rp a non seulement pour but de me faire comprendre mon personnage mais aussi pour que ceux qui font des rps avec moi, sache comment il est. Sur ce, bonne lecture. (ce rp est situé avant l'entrée de Masao dans le Sekai et ses autres interventions)


Il faisait frais. Ce n'était pas désagréable. Le soleil réchauffait sensiblement l'atmosphère mais le vent évitait que l'air ne devienne lourd. Masao rentrait de cours. Encore une journée passée a apprendre des dates inutiles, des formules mathématiques qui ne servent a personne. Les professeurs ne se contentaient que de répéter la même chose, un peu comme un bourrage de crâne, pour que les élèves sachent ce que l'on tentait de leur inculquer. Une méthode efficace pour les enfants «normaux». Mais cela ennuyait terriblement le jeune fils du feu. Il n'avais pas besoin qu'on lui répète sans cesse pour que l'information reste gravée dans sa mémoire. Pour cela, il se désintéressait des cours, se faisant rattraper a l'ordre par ses professeurs, et comprenait les questions qu'on lui posait dans un autre sens. Il ruminait encore quand un croche-pied le fit trébucher.

-Alors le raté, on sait pas marcher? Railla quelqu'un

Une personne a forte carrure se mit en travers de son chemin. Un jeune aux cheveux bruns et aux yeux de la même couleur. Son coup était aussi trapu que ses membres. On croyait qu'il aurait pu étrangler un buffle a lui seul. Il s'agissait de Jeff. Un chouchou du directeur de l'école qui s'amusait a tyranniser tout ceux qu'il n'aimait pas. A cause de son age, il était une sorte de responsable et abusait de son autorité. Masao se releva, épousseta sa veste, et continua son chemin.

-Hé revient par là!

Jeff le saisit par le col et le fit tomber de nouveau avec une facilité déconcertante. Masao le regarda droit dans les yeux espérant que son assurance suffirait a le tirer de là.

-Bah arrête de me fixer avec tes yeux de martiens!

Et il lui abaissa la tête avant de lui envoyer un coup de poing dans le ventre.

-Ça c'est pour ce matin. Tache de faire plus attention a se que tu dis la prochaine fois!

Et il lui asséna un second coup de poing. Masao ne put contenir une remarque sarcastique:

-Merci. Le prochain dans le visage s'il te plait. Ça me remettra les idées en place.

Sans répondre, Jeff le souleva par le sol et le menaça:

-Continue comme ça le raté, et tu ne rentreras plus chez toi. C'est clair?

Masao ne répondit pas. Son assaillant le jeta au sol avant de partir. Le «raté» toussa pour vérifier qu'il ne crachait pas le sang. Rien. Il vérifia encore quelque chose et continua sa route. Il quitta la rue isolée dans laquelle il était et rentra chez lui. Sa maison n'avait rien d'extraordinaire. Derrière le comptoir du magasin se trouvait un couloir qui débouchait sur la cuisine. Les différentes portes sur le coté conduisait au chambre ou a d'autres pièces, reliées entre elles par des portes coulissantes.
Sa mère lui dit bonjour et retourna a une cliente. Sans répondre, Masao se dirigea dans sa chambre. Il s'installa sur son bureau près de la fenêtre en soupirant et ouvrit le rouleau qui lui servait a noter ses leçons pour le lendemain. La totalité des ses devoirs étaient des choses a apprendre par cœur, comme d'habitude. En dix minutes, Masao apprit la totalité de ce qu'ils avaient noté la journée. Ceci étant fait, il se dirigea vers son lit, et s'y affala. Il saisit un objet métallique sur son bureau. Constitué de douze anneaux entrelacés entre eux, le but était de les rassembler pour ne former qu'un «tout» que l'on puisse enfiler dans un seul doigt. Pendant une vingtaine de minutes, il s'acharna a jouer avec la surface métallique en la tâtant du bout du doigt et rapidement, il manipula l'objet tant et si bien que, après deux minutes, un anneau complet était dans sa main. Lassé par ce jeu, il le déposa dans une boite en bois dessous son lit en soupirant:

-Encore un jeu de terminé...

Il réfléchit alors, le temps que sa mère ne l'appelle pour l'aider a fermer le magasin. Ses leçons terminés, il pouvait se concentrer a ce qu'il savait faire de mieux, penser. Ses souvenirs se mélangeait dans sa tête mais il réussit a en faire abstraction. Pour finir, il se concentra sur les origines des hommes dans le Sekai qu'il avait lu dans un livre d'histoire. Masao savait que ce qu'il lisait était en partie erroné car le seigneur du feu ne voulait pas que ses sujets ne sachent trop de choses hormis ses «scientifiques». Une sorte de contrôle qui le révoltait. Cependant, il restait fasciné sur les origines qu'avait les hommes. Qu'est ce qu'il donnerait pour une montagne de livres soumis a aucune censure d'aucune sorte.
On toqua a la porte. Il n'alla pas ouvrir et sa mère entra. Ses longs cheveux blonds cascadant furent les premiers a se montrer. Le visage fin de sa mère apparut de l'embrasure de la porte. Masao demanda:

-Le magasin ferme plus tôt aujourd'hui?

-Oui. Je dois te parler c'est pour ça. Tu viens m'aider a ranger?

-J'arrive..., soupira-t-il en guise de réponse.

Il se leva a la suite de sa mère. Tout en marchant, il s'interrogeait sur ce qu'elle voulait lui dire. Pas une chose anodine pour fermer le magasin plus tôt.
Ils arrivèrent dans une pièce éclairé par un baie-vitrée qui donnait sur la rue. Un étal devant eux exposait des jeux pour les plus petits. Sur les murs on pouvait trouver des tas de choses pour les enfants de tous age. Instinctivement, Masao se dirigea vers le coin ou les mères déposaient généralement leurs enfants le temps d'acheter un jeu. Des quilles de bois étaient étalées par terre ainsi que les boules qui avaient servis a les faire tomber. Alors qu'il entreposait tout ça dans une caisse, sa mère lui lança:

-Pas de crises aujourd'hui?

-Non..., répondit-il vaguement

-Pas de problèmes à l'école?

-Pas vraiment...

Sa mère se rapprocha de lui et Masao fut contraint d'arrêter son travail pour la regarder.

-Je sais quand quelque chose ne va pas Masao. Tu devrais m'en parler tu sais....

-Mais ça va très bien. Combien de fois je vais devoir te le répéter, ça va très bien.

-Tu n'es pas inquiet pour ton père?

Le regard de Masao se voila un instant. Quelques mois plus tôt, son père était parti en mission de reconnaissance en direction des tribus de l'eau du pôle nord. On n'avais jamais revu son bateau et son équipage fut présumé mort. Finalement il reprit sa constance habituelle:

-Je ne sais pas...

Elle ne répondit pas et retourna à son rangement. Malgré le temps clément, une sensation de malaise planait et alourdissait l'air.
Le soir, a l'heure du repas, quelqu'un frappa a la porte d'entrée. Pour éviter une remarque désobligente sur sa passivité, Masao se leva pour aller ouvrir. Il traversa la cuisine et nota l'air soucieux de sa mère. La porte en bois grinça. Un homme avec un chapeau brun entra. Son long manteau qui lui arrivait en dessous du genou semblait usé. Il portait de petites lunettes rondes. Une marque semblable a un oiseau majestueux parcourait sa tempe jusqu'à la joue. L'homme n'inspirait pas vraiment confiance a première vue. En partie du a son visage dissimulé par l'ombre de son chapeau.

-Masao? Questionna-t-il

-Qui êtes vous? Rétorqua ce dernier.

-Mon nom importe peu pour l'instant. Tu vas venir avec moi. Ne t'en fais pas, ta mère est au courant. Viens.

Masao eut envie d'aller dans la cuisine demander des explications à sa mère mais il était attiré et fasciné par cet homme. Il avait su qui il était rien qu'en le regardant. Soit il le connaissait déjà, soit il lisait dans les esprits. Masao prefera de loin la première hypothèse. Comme hyptonisé par quelque chose qu'il ne s'expliquait pas, il enfila son manteau et ses chaussures et suivit l'inconnu a travers les ruelles vides de la capitale.

Masao se réveilla assis. Drôle de position. Il remarqua aussitôt qu'il avait les mains et les pieds liés.

On ne ligote pas un homme mort..., pensa-t-il.

Il était donc encore vivant. Ses yeux étaient boursouflés. Il les ouvrit et observa le lieu dans lequel il se trouvait. Une petite pièce sombre avec en face de lui un bureau rectangulaire et une chaise tournée de dos. Masao ne distinguait pas encore totalement les formes, mais il aurait juré que quelqu'un était assis sur la chaise.

-Ha enfin réveillé!

Cette voix lui était familière. L'homme a lunette! Celui qui l'avait emmené de chez lui. Masao n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé après avoir franchi le seuil de sa porte. Malgré qu'il tentât de rassembler ses souvenirs, tout était brouillon. Il parvint néanmoins à articuler sa mâchoire pour parler.

-Que....qu'est ce que vous me voulez?

La question «Qui êtes-vous?» aurait été stupide puisque l'homme avait refusé de répondre a la première tentative.

-Rien que te poser quelques petites questions et te parler en privé.

-Pourquoi m'avoir attaché si c'est le cas?

-Pour ne pas que tu partes en courant comme un gamin apeuré. Si je ne t'avais pas endormi, tu aurais arrêter de me suivre dès que tu aurais quitté ta maison.

Qui était cet inconnu pour se permettre de le kidnapper ainsi? Masao se concentra en faisant abstraction de tout ce qui l'entourait. Sa mère avait prétendu vouloir lui parler. Serait-ce possible que ce soit elle qui est planifié tout cela? C'était probable car l'homme affirmait qu'elle était au courant. Mais qu'il ne lui veuille pas de mal était une autre chose.

-Admettons, commença le jeune fils du feu, qui me dit que vous ne vouliez pas juste m'enlever pour exiger une rançon? J'ai suffisamment d'ennemis pour envisager cette possibilité.

La chaise pivota alors, découvrant le même homme qui l'avait emmener. Il n'avait pas de chapeau et sa chevelure argentée était plaqué en arrière. Ses lunettes étaient toujours présentes ainsi que cette drôle de sensation qui émanait de cet homme quand on lui parlait en face.

-Oui, mais je ne suis pas de cela, répondit-t-il. Il va falloir que tu commences par faire un peu confiance aux gens de ton entourage si tu veux progresser...

-Progresser?

-Je suis ce qu'on pourrait appeler, un scientifique. Mais plus précisément quelqu'un qui se concentre sur les attitudes des enfants....disons qui possède certains...problèmes.

-Un scientifique?! ,s'exclama Masao. Vous êtes un des larbin du seigneur du feu qui ne font que renforcer la propagande qu'il engendre! Ne comptez pas sur moi pour vous aider en quoique ce soit!

L'homme ricana. Il releva le visage et gratta sa joue ou se trouvait le tatouage. A travers la faible lueur d'un rayon de soleil qui passait pas la fenêtre, Masao vit qu'en dépit de son air âgé, l'homme n'avait aucun ride.

-Ce n'est pas moi qui ait besoin de toi mais l'inverse. Je vais te révéler certaines choses qui sont susceptibles de t'intéresser mais tu devras répondre a mes questions ensuite. Pour l'instant, je vais me présenter...

L'inconnu se leva alors. Portant toujours le même manteau brun usé. Il avait l'air solide mais marqué par l'usage.

-Je suis Erik. Un scientifique, comme tu dis, mais pas directement lié au seigneur du feu...

-Que dois-je comprendre?

-Hahaha! Ce que tu dois comprendre? Que je ne suis pas a la botte de notre chef. Je fais partie d'une société qui vit dans l'ombre de la nation. Tu n'as pas a en savoir plus. Cette société tu la rencontreras surement dans le futur mais jamais tu ne verras un de ses membres te dévoiler qu'il en fait partie sauf dans le cas de L Extrême Nécessité.

Masao s'imaginait très bien de quel genre de situation il s'agissait. Une situation ou la sécurité de la nation serait compromise. Une guerre par exemple. Sachant que l'homme ne parlerait pas plus de la société, il se contenta de se focaliser sur un seul point.

-Et pourrais-je savoir en quoi vous pourriez m'aider?

-Pour plusieurs raisons. D'une part, je pourrais être consideré comme...un mentor un peu spécial mais nous verrons cela plus tard. Ensuite, je serais ton garde du corps.

Cette idée fit rire interieurement Masao. Un garde du corps? Et puis quoi encore?

-Je n'ai pas réellement besoin d'un garde du corps. A part si vous voulez mettre une raclée a ceux qui me frappe a l'école, autant la faire fermer tout de suite...

Erik resta pensif un moment, contemplant un point imaginaire au dessus de Masao, toujours assis. Il se dirigea vers lui et sortit un couteau. En le voyant s'approcher, le jeune homme sentit son cœur s'accélérer mais il se raisonna tant bien que mal. Après tout, pourquoi le tuerait-t-il? L'homme se pencha et trancha les liens des mains et des jambes qui le retenait prisonnier. Soulagé, Masao roula ses articulations. Erik posa une main sur son épaule et le fixa dans les yeux sans passer de l'un a l'autre. Il se contentait d'en regarder un. Sans rien faire d'autre. Captivant son attention au plus au point.

-Je sais où est ton père, lâcha-t-il finalement.

Masao crut que son cœur allait défaillir. Son rythme cardiaque était celui d'un homme après avoir couru. Il n'en revenait pas. C'était impossible. Comment? Comment cet homme qui ne connaissait rien de lui avait pu savoir quoique ce soit sur son père?

-Comment puis-je vous croire? Demanda-t-il après avoir retrouvé ses esprits. Après tout, tout le monde ment. Pourquoi pas vous?

Erik se retira et alla fouiller dans un pupitre. Il en sorti un papier déchiré en partie et le tendit a Masao. Ce dernier s'en empara vivement et la contempla. Tous ces mois, il avait attendu ce moment ou il pourrait enfin avoir des nouvelles de son père. Pourtant, maintenant qu'il était dans ce moment, il n'était pas sur de vouloir savoir la vérité. Comment pouvait-il être sur qu'il l'accepterait, et qu'il la comprendrait? Finalement, il déplia soigneusement le papier.

Bonjour fils. Ce message n'est pas celui que j'aurais souhaité t'envoyer. Mais je n'ai pas le choix. Je suis retenu prisonnier par des pirates. Ils ont pris notre bateau et nous ont gardé en otage, le temps qu'ils extirpent de moi tout ce que je savais. Je....

Une tache de sang brouillait la suite de la lettre. Masao se rassit sur la chaise, le regard vide. Le moment espéré pour partir a la recherche de son père était arrivé. Il comprenait maintenant pourquoi il avait besoin qu'on le protège. Il savait aussi ce que Erik attendait de lui.

-Ma mère était au courant n'est-ce pas?

-Exact. Elle l'a reçue il y a un mois et me l'a fait parvenir il y a une semaine.... Tu souhaites rester seul un moment?

-Non.... Ça ira....

-Tu n'es pas plus touché que ça de recevoir une nouvelle de ton père?

-Pas vraiment. Je n'ai pas de place pour les sentiments dans mon esprit. Cela reste....un concept abstrait pour moi...

Masao restait dubitatif. Pourquoi sa mère n'avait-elle pas pris un garde du corps de l'armée? Il resta un moment sans rien dire, sans réfléchir non plus.
Soudain, sans crier gare, une douleur fulgurante fusa au niveau de ses yeux. Il ferma les paupières, pris de roulement de vue. Des éclairs rouges et noirs passaient devant sa vision noire. Il se roula au sol. La douleur était telle, qu'il avait l'impression qu'on tentât de lui arracher les globes oculaires avec des tenailles rouillées. Puis, une autre affliction. Elle lui compressait les poumons. Il toussa et cracha le sang. A coté de lui, Erik essayait de le maintenir en place. Pendant une dizaine de minutes, le temps paru s'étirer a l'infini, prolongeant le calvaire de Masao. Aussi subitement qu'elle était apparue, la douleur s'estompa. Le jeune homme réouvrit les yeux avec peine. Erik prit son pouls.

-C'est une des fameuses crises....

Masao ne répondit pas. C'était l'effet qu'avait ce genre de problème. Mais n'y tenant plus, il se risqua a demander:

-Mais bon sang vous semblez tout savoir de moi! Qui vous a donner ces informations? Ma mère? Ou bien m'avez-vous espionné toute ma vie comme si je n'étais qu'une de vos expériences?!

Erik aida le jeune garçon a se relever et alla s'assoir sur son siège. Il reflechissait a mesure qu'il parlait et Masao nota quelque chose de suspect.

-Ne crois pas que je te considère comme un simple cobaye. Il y a juste...certaines choses, certains évènements qui m'ont ammenés a en savoir plus sur toi. Une partie de ses informations vient de la société. L'autre partie vient de ma propre enquête.

Ce fut au tour de Masao de réfléchir. Il devait faire le tour de ce qu'il savait. La lettre reçue, la transmission a Erik, le fait qu'il sache tout ça....Étrange....

-J'ai une hypothèse, commença Masao. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose dans votre attitude me montre que vous mentez. Vous n'êtes pas ce que vous prétendez être. J'ai vu suffisement de gens qui mentent pour trouver quand quelqu'un en face de moi ne dit pas la vérité.

Erik resta silencieux, subissant ce que disait son interlocuteur.

-Si j'ai bien observé votre façon d'agir, vous êtes droitier. Or, quand on reflechit, inconsciemment, on a tendance a regarder d'un certain coté.... Pour vous, il s'agissait de mon coté gauche, celui de l'imaginaire. Soit, vous étiez en train d'inventer les choses au fur et a mesure que vous me les racontiez. Vous êtes un très bon menteur mais vous ne controlez pas encore votre vue...

Un moment de silence. Chacunes des deux personnes tentaient de percer dans le regard de l'autre une faiblesse a exploiter. Mais c'était Masao qui avait l'initiative. Il attendait une réponse.

-...Peut-être..., finit par répondre Erik, Mais comprends moi bien, je ne souhaite pas te laisser dans le brouillard mais il y a certaine chose qui se passent en ce moment et qui sont trop importantes pour que je te les confie...

Le coup du bluff avait presque fonctionné. Masao ne pensait pas que cette idée farfelue était véridicte mais l'hésitation de l'homme semblait marquer qu'il lui cachait des choses. Après tout, les yeux peuvent certes reveler certaines choses, mais il faut les coupler avec d'autres facteurs pour assurer un mensonge.
Jouer le jeu de l'hypocrite pourrait être dangereux....mais utile. Pour l'instant, l'observation serait son arme.

-Très bien gardez vos secrets, declara Masao se levant.

-Où vas-tu? L'interpella Erik

-Quelle question, à l'école! Il doit bien être l'heure vu le temps que vous m'avez gardé ici. Je vous rejoins demain aux docks pour partir.

L'homme acquiesça et lui ouvrit la porte. Elle donnait sur une ruelle peu fréquentée a l'odeur nauséabonde. Masao le salua vaguement et partit. Une fois hors de vue des fenêtres, il courut dans la direction opposée a l'école en tachant de croiser le moins de monde possible. Non il n'allait pas en cours. Il avait encore plusieurs choses faire avant de s'aventurer vers l'inconnu.

Courir, courir, encore courir, toujours courir. Masao zigzaguait entre les personnes de la capitale. La foule était resserrée par endroit, et espacée à d'autres. Il leva les yeux. Le zénith. Il devait être midi. Parfait. Le temps que les élèves prennent leur repas, il pourrait passer chez lui. Comme d'habitude, il y avait des femmes et des enfants dans le magasin de jouet. Masao se faufila a l'intérieur, évitant de croiser sa mère, et entra dans sa chambre. Il ne pouvait pas se permettre de lui parler. Le nombre incalculables de questions qu'il avait à lui poser finirait par lui faire perdre sa contenance. Surtout si elle avait un lien avec cette société, elle refuserait surement d'en parler. Le jeune homme saisit un sac et y fourra quelques affaires de rechanges. La nourriture, l'équipage du bateau s'en chargerait. Il consulta le cadran solaire. Midi et demie. Ses affaires étaient prêtes. Il fallait juste qu'il reste caché de sa mère. Même si elle devait se douter qu'il partirait, Masao ne lui pardonnait pas ce qu'elle lui avait caché. Le fait qu'elle donne a quelqu'un d'extérieur a la famille des informations sur son père était comme un coup de poignard dans le dos. Mais en même temps, cela ne le surprenait pas.

Réaction humaine, se disait-il.

Elle pensait surement le protéger en lui cachant cette lettre. Et elle ne voulait certainement pas le laisser s'aventurer seul. Mais désormais, cela était sans importance aux yeux de Masao. Qu'on s'inquiète de lui ou non lui était égal.
Il passa le reste de la journée a méditer et sortit une fois seulement pour faire quelque chose. Bizarrement, sa mère ne s'inquiéta pas de son absence. Le soir venu, il se dirigea vers la cuisine. Sa mère préparait le repas.

-Alors comment c'est passé ta journée de cours? demanda-t-elle par dessus son épaule.

Masao s'arêtta un moment, puis, après avoir évalué la signification de cette simple phrase, s'assit:

-Comme toutes les autres...

Etrange. Elle réagit comme si....comme si elle n'était pas au courant...

Le repas se déroula à l'habituel, silencieux.
Masao partit ensuite se coucher, anxieux de ce qui l'attendait.
Le lendemain, il se leva a l'aube. Il n'avait pas donné d'heure précise pour le rendez-vous, mais mieux valait être présent plus tôt. Son sac sur les épaules, il partit de la maison endormie. Dehors, les ruelles étaient aussi silencieuse qu'un cimetière. A l'exception de quelques chats égarés, aucune vie.
Moins de dix minutes après son départ, Masao arriva au dock. Il avait loué une charrette, trop fatigué pour faire le chemin a pied. Erik l'attendait déjà. Il avait troqué son vieux manteaux pour un autre de très belle couture noir. Quelques symboles bleutés sillonnaient le long de son dos, seules traces de gaieté sur ces habits a l'allure inquiétante. Le chapeau était toujours le même, a ceci près qu'il était noir aussi. De très belle bottes. Une épée de très belle facture était accroché a son dos, mais sans fourreau. Sa lame était nue. L'homme ne semblait pourtant pas inquiet qu'elle rouille compte tenu de l'humidité ambiant. Il semblait différent de la veille. A la fois plus fort, et plus inquiétant encore, si c'était possible.
A son coté, se tenait un chien. A l'image de son maître, il était droit, impassible, et son pelage était noir.
Quand Masao arriva, l'animal grogna, dévoilant une série de dents a faire pâlir un Tournidor.

-Chhht...., le gronda son maître. C'est un ami a nous. Tu peux aller lui dire bonjour si tu veux.

Première chose surprenante, Erik l'avait remarqué sans qu'il n'ait prononcé un mot. Seconde chose, le chien semblait comprendre ce qu'il disait. Il courut vers le jeune homme et se jeta dessus, le faisant basculer en arrière et lui assénant plusieurs coups de langue au visage.

-Allez, laisse-le Black.

Le chien obéit sans rien dire et retourna au pied de son maître.

-Il est sacrément bien élevé, constata Masao en se relevant.

-N'est-ce pas? Je l'ai depuis que je suis petit. Alors bon, on finit par se comprendre a la fin.

-Comment ce fait-il que je ne l'ai pas vu hier?

-Ha... Mais il était présent. Endormi, certes, mais présent tout de même.

Erik caressa alors son compagnon sur la tête, rigolant a sa propre plaisanterie.

-Il commence a se faire vieux comme moi. Mais bon, on est pas encore mort alors on assurera ta protection quand même.

Il laissa un silence, comme si il voulait que ses mots restent en suspens.

-Bon, il faudrait trouver un navire pour y aller.

-C'est déjà fait, répondit Masao. Je me suis chargé de prévenir le loueur de bateau hier. Il nous a prévu une petite embarcation.

-Très bien. Cela nous fera gagner du temps. Et...où est-il ce bateau?

Masao se retourna pour scruter le port. Pas de trace de navire pour l'instant. Puis, flottant sur l'eau, une navire arriva. Il semblait frêle a première allure. Un homme sur le pont les salua de la main avant d'attacher une corde a un poteau.

-Saluch'! Moi c'est l'capitaine du bateau! Bon alors c'est qui l'marchand qu'on doit emmener?

-C'est moi.

Le marin jugea du regard le jeune homme. Il cracha une chique et s'approcha.

-T'es pas un p'tit peu jeune-jeune?

-L'âge n'a rien avoir la dedans, rétorqua Masao. Je peux vous assurer que si vous nous amener là ou l'on veut aller, vous roulerez sur l'or.

Un sourire de loup s'étira sur le visage de l'homme. Il les convia à entrer dans le bateau. Une fois dans leur chambre, Erik ne put s'empêcher de remarquer a voix basse.

-Il n'est pas un peu...petit? Si l'on doit secourir ton père, je pensais que prendre quelque chose de plus...imposant serait mieux non?

-Pas vraiment. Le fait que mon père se soit fait capturer en est la preuve. Si on prend un navire de combat, on court le risque de nous faire remarquer non seulement des pirates, mais aussi des autres nations. Le mieux est de passer inaperçu. Je ne pense pas que des pirates s'attarderont a arrêter un petit bateau sans importance.

Erik jeta un regard distrait a l'extérieur.

-Et si le marin s'aperçoit que nous ne sommes pas des marchands?

-Il ne nous restera plus qu'a nous en débarrasser, fit Masao d'une voix glaciale. Mais ne vous inquiétez pas. Si tous se passe bien, nous n'aurons pas à recourir a cette extrémité.

Le silence s'installa alors. Dehors, une voix résonna.

-Alors monsieur l'marchand, ou qu'c'est qu'on va?

Masao déplia une carte. Il savait que son père était partit vers le pôle nord. Mais savoir quel chemin il avait emprunté relevait de l'omniscience. Il partit alors de suppositions. Le navire aurait été vu pour la dernière fois près du fleuve Drana du royaume de la terre. C'était donc là qu'il faudrait commencer par chercher.

-Dirigez-vous vers le fleuve Drana.

-Très bien! Accrochez vos ceintures!

Le marchand avait perdu son langage typique des marins. Sans prévenir, le bateau fila a une vitesse impressionnante. Il n'y avait pas de vents, et pourtant, on aurait cru que le bateau avançait comme si un mistral soufflait dans son dos.

-Youooooouuuhouuuuuuou!!! Cria une voix.

Black restait impassible, allongé au sol.

-Et bien il semblerait que ce bateau en ait dans le ventre.

-En effet.

Masao eut du mal a contenir un haut-le-cœur. Désormais, il était partit pour sauver son père, et rien ne l'empêcherait d'accomplir sa mission.

Sans mesurer le temps qui le séparait de son départ, Masao restait contemplatif dans la cabine, allongé sur le lit. Tout ce qui se passait en ce moment semblait dépasser le simple cadre d'une balade. Il devait sauver son père, aidé par un homme dont il ne connaissait que des paroles. Soupirant, il se leva, et ouvrit la porte. Dehors, un soleil rayonnant dardait sur eux ses puissants rayons. Le ciel était dénué de nuages. Partout, une immensité bleue. La mer était calme. Masao était fasciné. C'était la première fois qu'il montait en bateau. Celui là était petit mais sa vitesse n'avait rien a envié aux navires de guerre. Le jeune homme se dirigea vers les marches sur le coté de la cabine pour voir le marin. Erik était a son coté, Black éternel contemplateur, stoïque comme une statue a ses pieds. Cela faisait surement deux jours qu'ils avaient quitté la nation du feu. Durant ce court laps de temps, Masao n'avait rien appris de plus sur son «garde du corps». En même temps, il ne lui avait pas vraiment parlé. Depuis, il était résolu à en apprendre un peu plus sur celui qu'il côtoierait pour surement longtemps. Le marin fut le premier a parler de sa voix enjoué.

-Salut le marchand! Alors tu apprécies la croisière?

-Je dois avouer qu'elle n'est pas désagréable, répondit le prétendu marchand.

-Bon. C'est le principal. Surtout qu'on est pas près d'arriver et il faudra surement faire un arrêt pour nous recharger en charbon.

Masao jeta un regard a l'arrière du bateau. Une colonne de vapeur noire s'élevait d'un trou.

-Je suis le seul a avoir un bateau aussi petit qui va aussi vite et en consommant le moins de charbon possible. Pas mal n'est-ce pas?

-Peut-être...

Le jeune fils du feu n'était pas sur que ce soit une bonne chose. Ce genre de progrès peut attiser des jalousies et de là, des accidents. Erik s'approcha de lui, suivit du regard par son chien.

-Tu viens, j'aimerais te parler.

Sans répondre, Masao le suivit. Ils se dirigèrent vers l'avant du navire et se penchèrent sur la rambarde en fer.

-Alors. J'ai répondu a tes questions ils me semblent l'autre soir. Et comme convenu, tu dois a ton tour répondre aux miennes.

-Pas tout a fait, rectifia Masao. Je vous ai dit que je n'étais pas sur de la véracité de vos propos. Même si vous prétendez vouloir ne pas me révéler certaines choses, il serait préférable que je sache qui est censé me protéger. Ensuite, je pourrais éventuellement vous répondre.

Il le regarda froidement. Peut-être allait-il découvrir quelque chose de cette mystérieuse personne.

-Très bien. Tu ne te défends pas mal avec les mots il est donc juste que je te dise certaines choses. Mais pas toutes. Je suis lié à plusieurs personnes et à des secrets que je ne peux pas violer.

-Je vous écoute.

Erik se racla la gorge. Son chien arriva alors et s'allongea. Il semblait toujours vouloir savoir ce qu'il se passait avec son maître.

-Je suis lié a ce que nous appelons, la société. Comme je te l'ai déjà dit, tu rencontreras surement un de ses membres mais sans le savoir. Techniquement parlant, je suis une sorte de soldat d'élite. Enfin, je l'étais. A l'époque, je travaillais pour le seigneur du feu Nasso, mais dans son ombre. Je passais pour le meilleur dans mon domaine qui était la protection rapprochée. Puis les temps ont passé et avec eux, mes réflexes. La société m'a donc proposé de me retirer en secret. Ils m'ont fourni la couverture d'un scientifique qui devait se concentrer sur les cas spéciaux. Des enfants qui seraient susceptible d'entrer dans les rangs de cette société. J'ai fait mon devoir quand ta mère m'a contacté a son tour. Elle pensait que tu pourrais être un des leur. Elle m'a demandé de venir pour que je t'évalues. C'est ce jour la qu'elle m'a donné la lettre de ton père. Elle m'a supplié de te protéger, consciente que tu partirais surement a sa recherche. Naturellement, n'étant plus en service, j'ai refusé. La société m'a alors recontactée. Surpris, je me suis rendu au point de rendez-vous. Mais il s'est passé quelque chose au cours duquel j'ai eu quelques informations sur toi. Me rappelant ton nom, j'ai décidé de t'espionner. Puis, je suis retourné voir ta mère. C'est là que tu as ouvert la porte. Il m'a alors paru plus sage de t'emmener avec moi. Tu connais la suite.

Masao était resté silencieux pendant tout ce temps, le regard rivé sur la mer qui était happée par la carcasse métallique du bateau. Il avait assimilé toutes les informations qu'il venait d'entendre et les recoupa avec celles qu'il avait déjà en tête. Cela expliquait pourquoi sa mère ne semblait pas au courant le dernier soir qu'il l'avait vu. En même temps, d'autres points obscurs étaient apparus.

-Donc, commença-t-il, quand vous m'avez vu la première fois, vous avez menti en avançant le fait que ma mère savait que vous deviez m'emmener.

-A moité. Elle savait que j'avais refusé de te protéger. Mais si je ne t'avais pas dit que ta mère était au courant, tu ne m'aurais pas suivi....

-Et je n'aurais rien su a propos de mon père, termina Masao.

Le vent balaya ses dernières paroles. Le cerveau du jeune homme tenta de faire le ménage dans toutes ces révélations. Cette chose faite, il se concentra sur ce qu'il ne savait pas. Sa mère ne l'avait pas prévenu pour la lettre surement pour ne pas risquer de le voir capturer comme son père. Compréhensible. Du coup, Erik se sentit obligé de l'emmener pour le mettre au courant et faire ce qu'il avait a faire. Une question se posait alors. Qu'est ce qui avait poussé Erik a changer d'avis? Masao entreprit alors un petit tour de manipulation.

-Si j'ai bien compris, vous avez eu un contre-temps lors du rendez-vous c'est ça?

Il se retourna, toujours appuyé sur la rambarde, de telle sorte qu'il ait le corps entier de son interlocuteur dans son champs de vision

-En quelques sortes.

-Et ce contre-temps vous a amener à avoir des informations sur moi. Cet évènement ne doit pas être anodin si la société vous a cont...

-Arrêtes ton jeu, coupa alors Erik. Je sais ce que tu veux de moi mais je te l'ai dit, je ne répondrais qu'à certaines choses pour l'instant.

Masao resta silencieux. Il regarda furtivement au loin et se ravisa sur les yeux gris de l'homme qui lui parlait.

-Maintenant, continua-t-il, comme je te l'ai dit aussi, je serais une sorte de mentor. Ta mère m'a dit que tu étais...quelques peu renfermé. Je voudrais donc en savoir aussi un peu plus sur toi. Je sais par ce que j'ai vu que tu étais quelques peu sarca....

-Ouaip!!, tonna la voix du matelot. On est arrivé pour le premier arrêt!!

Un éclair passa dans les yeux d'Erik.

-Tu savais!

-Prenez le comme vous voulez, mais je vous ai eu.

Masao marcha alors vers le marin, content de ce qu'il venait de faire. Finalement, Erik était certes malin, il n'en restait pas moins un humain qui ne se restreignait qu'à une chose. Le port dans lequel la bateau s'engageait était bondé de monde. Il attacha une épaisse corde à un poteau et lança par dessus le vacarme:

-Bon moi je vais faire le plein de charbon! Allez vous balader un peu mais soyez de retour dans....deux heures!

Erik descendit du pont avec Black. Quand Masao passa devant lui, il lui glissa a l'oreille:

-Ne crois pas que tu t'en sortiras a chaque fois. Il nous reste un moment avant d'arriver et tu seras forcé de répondre a mes questions à un moment ou un autre.

-Je n'en suis pas si sur Erik. Vous m'isolez pour me parler. Si je reste près de quelqu'un...

Sur ces mots, il s'enfonça dans la foule remuante des quais.

Masao était enfin débarrassé d'Erik. Il pouvait souffler un peu. Son regard se promenait au hasard des habitations en bois principalement. La trop grande présence de monde autour de lui l'étouffait. Il s'engagea alors dans un coin, entre deux maisons. Il y faisait frais et l'odeur de poissons mélangé a la chaleur ambiante s'était atténuée. Pendant une bonne heure, il resta assis sans rien faire, mesurant le temps qui passait à mesure de la course du soleil dans le ciel. Puis, une forme noire se dessina devant l'endroit où il était. Masao se releva alors, se demandant qui était cet étranger. Pas Erik puisqu'il n'y avait pas Black a son coté. La forme fit un pas en avant. Une étrange sensation parcourut alors le jeune homme. Une aura maléfique émanait de cette forme. Petit a petit, cette forme ce dessina progressivement. Son contour devint flou pour finir a ressembler a un homme de stature moyenne. Mais son visage était recouvert par un foulard. Masao s'étonna que personne ne regardait dans sa direction. Une chose pareille devait pourtant attirer l'œil. Mais les passants semblaient ne pas se rendre compte de ce qu'il se passait. Comme si ils n'existaient pas. Le jeune fils du feu se contenta d'observer celui qui se tenait devant lui. Des vêtements déchirés. Un foulard gris et une capuche rouge. Un bref mouvement et une lame sortit de la manche droite de la cape de l'individu. Il n'était pas là pour discuter. Lentement mais surement ils s'avançaient. Masao ne reculait pas, se contentant d'analyser toutes les possibilités. Il était pris au piège avec un individu qui ne semblait pas lui vouloir du bien. A moins de tenter une attaque frontale, il n'y avait pas de moyen de fuite. Sa seule chance était de gagner du temps en espérant qu'Erik finirait par le trouver.
Mais avant qu'il ait pu prononcer un mot, une voix rocailleuse jaillit de la forme:

-Alors c'est toi Masao Omura? Je t'imaginais plus....vieux compte tenu des 10000 vils qu'on va me verser pour ta mort.

Sans se laisser impressionner, Masao tenta de trouver quelque chose a redire. Rien ne sortit. Il était face a la mort et il n'avait rien a répondre. Finalement, il se secoua la tête comme pour chasser une mauvaise bête.

-Hoooo non ce n'est pas un rêve mon petit, fit la forme. Tu vas mourir ici et maintenant.

Tout en avançant, il leva la main pour porter le coup fatal. Masao recula et s'arrêta, bloqué par une caisse en bois. Son esprit n'arrivait plus a trouver de solution. Plus de complexité, plus de calcul, la forme semblait aspirer sa force et sa volonté. Mais contre toute attente, l'ombre noir s'abaissa, et le foulard gris se trouva a quelque centimètres de son visage.

-Oui, c'est bien toi. On m'a donné la bonne description. Un œil de ta mère, et l'autre de ton père.

Le jeune homme frémit. Il serait au courant? Un homme de la société? Mais pourquoi le tuer alors?

-Ton père c'est révélé très peu enclin a nous parler de toi. C'est bien dommage il nous a fait perdre du temps. Mais je vais rattraper ça maintenant.

Soudain, une bourrasque se leva. Apparu de nulle part, Erik et Black surgir de derrière l'homme. Le chien sauta sur le dos de l'homme masqué et le mordit frénétiquement. L'ombre se débattit mais le chien ne lâchait pas prise. Avec une vitesse surprenante, Erik se retrouva a coté de lui, et dans le même temps, il saisit son épée et Black lâcha prise. D'un coup puissant, il décapita l'agresseur. Masao reçu une marre de sang sur le visage. Il était donc bien humain. Ou alors quelque chose de très proche. Ce n'était pas un banal assassin. Erik s'approcha du jeune homme pour lui essuyer le visage.

-Ça va? Demanda-t-il

-J'ai connu mieux.

-Viens on part maintenant.

Et il saisit Masao de ses bras puissants pour l'emmener sur le bateau. En chemin, les gens se retournaient comme si ils voyaient un mort revenu de l'au-delà. Les éventuels curieux qui s'approchaient d'un peu trop près reculèrent souvent avec l'apparence de cet homme et de son chien qui les repoussait de grognements. En regardant le coup de son garde, Masao remarqua que le tatouage avait disparu mais que de nombreuses marques bleues étaient répandus de son coup et se prolongeait certainement sur tout son corps. Elles semblaient produire de la lumière d'un bleu ciel. Le jeune homme cligna des yeux et les marques disparurent tandis que le tatouage de l'oiseau était revenu a sa place d'origine.

Ce type n'est pas normal, pensa-t-il alors.

Le marin fut apeuré en les voyant arriver dans cet état.

-Démarrez votre engin, cria Erik a peine arrivé, on part tout de suite!

-Mais où ça?

-Continuez vers le fleuve!

Sans poser d'autres questions, le capitaine du bateau alla dans la soute et alluma les moteurs. Une montagne de fumée noires s'éleva dans le ciel.
Plus tard, suffisamment éloigné du port, Erik se résolu enfin a relâcher sa prise sur Masao. Avec humeur, il déclara.

-J'ai beau ne pas te connaître, j'avoue que tu te mets dans des situations bien particulières.

Masao ne répondit pas. La part de son cerveau encore en état de fonctionné ne pouvait s'empêcher de résumé ce qu'il s'était passé. Il conclut donc qu'il serait plus sage d'en parler a Erik.

-Cet homme. Il semblait être recouvert d'un nuage noir et qui troublait son image.

Le garde resta pensif un moment avant de répondre:

-Il semblerait que tu aies des ennemis hors de ta nation. La seule chose que nous puissions faire pour l'instant, c'est rester encore plus sur nos gardes. Plus nous approchons de l'endroit de la disparition de ton père, plus il y a de risques pour que nous soyons attaqué.

Masao n'était pas de cet avis. Il pouvait toujours réfléchir et de là, trouver qui, et pourquoi on voulait le tuer.

-Cet assassin semblait connaître ma mère et mon père puisqu'il m'a reconnu grâce a mes yeux. Il a donc reçu une description d'eux pour me trouver.... Si je suppose que vous avez reçu vos directives de la société...il y aurait des fuites...

-Non c'est impossible. Personne dans la société n'enverrait un assassin pour tuer quelqu'un qui ne les gène pas.

-Je me contente de raisonner logiquement. Personne n'est censé savoir que nous sommes parti cherché mon père puisque vous m'avez emmener directement sans prévenir qui que ce soit.

Erik demeura silencieux. Peut-être que Masao allait réussir ce qu'il voulait depuis tout-à-l'heure.
Comme personne ne parlait, il continua de le repousser dans ses retranchements.

-A moins qu'il ne se soit passé quelque chose qui ait permis une diffusion d'informations....quelque chose que vous ne m'avez pas dit...

-En effet. Quelqu'un a tenter de me tuer aussi. Il avait sur lui des papiers te concernant. Mais je n'ai pas pu le tuer et il s'est enfui. Il est probable que ce soit la même personne que nous avons rencontré...

Masao avait eu ce qu'il voulait. Voilà l'événement qui avait permis a son garde d'avoir des informations sur lui. Si il conjecturait que l'assassin était le même, alors les motifs de sa tentative de meurtre était clairs.

-Il aurait donc essayer de vous tuer avant de se charger de moi. Le tout est de savoir qui le payait. Il parlait de 10000 vils. Les seules personnes qui peuvent payer une telle somme pour assassiner quelqu'un sont soit des voleurs, soit de hauts dirigeants. Et puis votre société n'a pas l'air d'être en manque....

-Tu supposes que le Phénix aurait tenté de me tuer! S'emporta Erik.

Nous y voilà....

Se comportant comme si il n'avait pas entendu le nom de la société, Masao continua son raisonnement.

-Je n'ai pas dit qui. Mais ce sont les seules personnes qui peuvent se permettre de tuer pour autant d'argent. Soit il s'agit de la nation, soit de votre société, soit des voleurs qui peuvent être....

-Heu désolé de casser votre discution, dit le marin après avoir déboulé de son poste, mais on a un petit problème.

Et il pointa le ciel. Un bruit sourd résonna. Les nuages semblaient s'accumuler a un point précis et se former de rien puisque le ciel était vide de nuage. Masao regarda autour de lui. Éloigné de tout, ils n'avaient pas de moyen d'appeler a l'aide. Puis, Erik réagit presque instinctivement.

-Couchez-vous! Quoi que ce soit, il nous prépare un joli éclair!

Comme pour répondre a ses paroles, une foudre s'abattit sur le pont. Sa puissance était telle que la charpente en métal avait fondue.

-Les assassins sont de retour, constata amèrement Masao.

Puis, une série d'éclairs s'écrasèrent de toute part sur le navire. L'une d'elle laissa sortir un homme mince. Erik se releva lentement. Black grognait, sortant sa rangée de dents, près a bondir. Le marin était pétrifié par la peur mais il reussi à se reculer le plus loin possible de l'homme. La même sensation émanait de lui. La mort et la désolation. Masao sentait une sorte d'énergie jaillir des deux hommes. Les marques bleutées réapparurent sur le corps d'Erik. La confrontation semblait avoir débuté sans aucun contact physique. Une sorte de bataille énergétique.

-Je te conseille de fermer les yeux Masao. Et vous aussi capitaine. Je sens que ça va faire très mal...

A peine fini qu'Erik disparu pour réapparaitre a coté de l'homme qui n'avait pas bougé, l'épée au poing. Un flash aveuglant s'en suivi et Masao perdit connaissance.

Quand Masao revint à lui, il avait la langue pâteuse et les paupières lourdes. Il les ouvrit difficilement.

On m'a drogué, songea-t-il de sa part de cerveau qui n'était pas embrumé.

La pièce était sombre et grande, bien que vide. Le sol était rocheux de même que les murs. Il fallut un temps au jeune fils du feu pour faire le tour de ses idées. Quand il fut sur le point de se rappeler ce qui l'avait conduit ici, ses yeux se révulsèrent et il fut pris de spasme. Une minute et la douleur s'étendit au poumon et il finit par cracher le sang.

Ça faisait longtemps....

Masao en était venu a se demandé si il n'avait pas été guéri pour ne pas avoir subi de crises durant le voyage. Peut-être l'air frais de la mer lui avait un temps soit peu épargné la souffrance. Le point positif c'est que la douleur lui avait ouvert l'esprit. Il n'arrivait toujours pas a parler ni a ouvrir les yeux complètement mais toutefois suffisamment pour observer plus en détail l'endroit où il se trouvait. La pièce ou plutôt la caverne était humide. Ils étaient donc proche d'un point d'eau. Probablement la mer puisque c'était le dernier souvenir dans lequel Masao avait vu Erik.
Erik! Lui n'était pas là. Il était seul. Une ombre se dessina du fond de la pièce et émergea d'un couloir de pierre qui se referma aussitôt après. La forme se rapprocha et Masao reconnu l'homme qui les avait attaqué sur le bateau. Il était grand et mince, les vêtements rougeoyants et richement orné. Son visage au teint halé, les yeux marrons. Un homme commun a tous. Mais son aura n'avait rien de naturelle. L'homme approcha le visage du jeune homme et le contempla longuement avant de parler:

-Haaa. Enfin nous te tenons Masao Omura. Il était temps que tu te décides a quitter ta petite nation un de ses jours.

Le fils du feu évalua la phrase avant de répondre:

-Dois-je en déduire que vous savez quelque chose sur mon père? Et que si vous m'avez drogué, c'est que vous êtes très certainement ses ravisseurs?

-Impresssssionant, susurra-t-il.

Il se redressa et se plaça derrière Masao. A ce moment, quelqu'un d'autre entra par le même chemin, tenant fermement une autre personne avec un sac sur la tête. Arrivé a leur niveau, le kidnappeur présumé découvrit le visage du bâillonné. C'était le capitaine du bateau. Il était a peine conscient, marqué de plusieurs entailles et bleus. L'homme se pencha a l'oreille de Masao:

-Voilà ce que je te propose. Tu fais pour moi une petite chose, et nous cessons de vous poursuivre. Dans le cas ou tu refuserais, vous mourrez tout les deux ici et ton père n'aura plus le loisir de rentrer chez lui non plus...

-Avant de décider de quoique ce soit, j'aimerais savoir qui vous êtes et où est Erik?

-Ton garde? Bah, surement dans les abysses des océans. Je l'ai envoyé dire bonjour au poisson avec son sale cabot.

L'homme qui tenait le marin ricana mais se tut après un regard direct de ce qui semblait être son supérieur hiérarchique.

-Quant a mon nom, un sale pion comme toi n'a pas a le connaître....Mais...tu peux m'appeler Merv.

-Quel est ce service? Demanda finalement Masao.

-Il faudrait que tu récupères quelque chose pour moi. Un objet de grande importance pour mes projets. Il se trouve dans une ville du royaume de la terre sous haute surveillance...

-En quoi pourrais-je vous aider si je ne suis qu'un pion?

Merv ria. Quelque chose de froid et sinistre.

-Je pensais que tu t'en rendrais compte. Peut-être ta réputation n'est qu'une idiotie alors. Je devrais alors te tuer maintenant...

-Ma réputation?

Et l'homme ria de nouveau. Il jubilait de posséder un savoir que son prisonnier ignorait.

-Tu es fiché depuis que nous avons capturé ton père. Ce sombre idiot avait conclut un pacte avec nous mais ne la pas honoré. Nous avons donc fait en sorte qu'il s'aventure loin de sa nation et l'avons capturer pour tirer de lui tout ce qu'il savait. Il n'a rien dit. Nous avons donc menacé de te tuer toi et ta mère mais il a prétendu que tu serais trop malin et que tu nous échapperais.

Masao baissa la tête. Son père marchanderait avec des pirates? L'homme passa devant lui et se placa a égal distance de sa chaise et de l'otage.

-A moitié vrai, continua Merv. Erik t'a sauvé en fait. Tu étais bien incapable de te défendre seul. Mais grâce a lui nous avons vu qu'effectivement tu étais...malin. J'ai alors organisé le coup de la lettre pour te faire quitter ta nation et te capturer. L'homme que ton garde a tuer au port n'était qu'un leurre pour te faire partir de ce port et t'isoler un peu. Et ça a fonctionné.

Merv ria de nouveau. Le jeune homme avait du mal a assimiler ce qu'il avait appris. Erik serait un traitre? Son père un pirate? Il avait été berné. Il leva les yeux. Une détermination froide et méthodique balaya ces sentiments.

-Je refuse.

-Quoi?!

-Je ne veux pas vous aider. Tuez-moi si vous voulez. Tuez mon père. Mais je ne vous aiderais pas a accomplir vos projets.

L'homme mince resta pensif. Puis, il hocha la tête lentement comme pour donner un signal.
Son subordonné pris une lame et, d'un geste vif, trancha la gorge du marin qui avait eu juste le temps de pousser un dernier râle.

-Et ça peut durer encore longtemps comme ça. Je peux très bien éliminer tout ceux que tu connais, de près ou de loin, avant de te briser. Tu continues toujours a t'obstiner?

Cette fois-ci, il n'était plus uniquement question de sa famille, mais de personnes qui n'avaient rien a voir avec cette histoire.

Le bonheur d'un seul ne peut pas passer avant celui de tous...,pensa-t-il.

Il ne pouvait pas se permettre de laisser mourir des innocents. Mais pourtant, les pirates semblaient avoir une grande emprise sur le Sekai pour menacer quelqu'un de la sorte et les aider ferait de lui un hors-la-loi. Deux minutes durant, Masao pesa le pour et le contre. Ses règles d'éthiques passèrent outre ce raisonnement. Il n'était plus question uniquement de lui, mais d'innocents comme ce marin.
Finalement, il pris sa décision, prêt a en assumer les conséquences....

-Très bien, je ferais ce que vous voulez.

Merv afficha un air ravi.

-Une bonne chose pour nous tous. Laisse moi apporter quelques précisions maintenant...

L'homme qui venait d'assassiner le marin ramassa la tête qui gisait sur le sol et quitta la pièce, le cadavre dans les bras. Une fois hors de portée, Merv se retourna, retroussant les babines:

-Tu dois te rendre à Gotenba. C'est une cité de la terre a l'apparence semblable a toute les autres mis a part que dans une de ses banques, un parchemin d'une grande importance y est entreposé.

-Laissez moi deviner, je dois m'introduire dans la banque et dérober le parchemin avant de vous l'apporter?

Merv acquiesça:

-Exact. Mais...Il a une multitude de coffres dans cette banque. De plus, dans deux semaines, ce parchemin sera transporté au temple de l'air austral*. Je veux que tu me le ramènes avant et que tu le remplace par ce parchemin.

Il sortit un autre parchemin scellé de son manteau. Masao en déduit que l'autre aussi était scellé. Autrement dit, aucune chance de savoir ce qu'il contenait.

-N'essaie pas de me rouler. J'ai des agents partout et si tu venais a faire quoique ce soit sans mon accord, je tuerais ton père avant de tuer tes proches pour finir par toi.

Et il le détacha. Masao roula des articulations comme il l'avait fait quand Erik l'avait retenu chez lui. Puis, le jeune fils du feu prit le parchemin pour le mettre dans sa veste. Merv claqua des doigts, et un flash irradia sa vision.

Dans le même temps, quelque part dans la mer:

Le combat avait été bref. Un seul coup de son ennemi avait suffi a faire exploser le bateau. Erik n'avait même pas eu le temps de secourir Masao. Encore sonné, il ne reprit totalement conscience qu'après avoir dérivé jusqu'à atteindre un banc de sable. Mais il n'arrivait pas a bouger. La possibilité d'avoir perdu Black l'avait anéanti. Son ami. Depuis qu'il l'avait reçu il ne l'avait jamais quitté. Toujours il s'était imaginé mourir a ses cotés lors d'une mission. Mais le fait de partir seul pour accomplir un objectif qui était surement voué a l'échec lui avait ôté sa volonté. Finalement, il parvint a se remettre debout. Trainant des pieds, il s'éloigna de la mer afin de s'assoir a l'ombre d'un arbre. Rien. Son esprit était vide. Sa dernière mission arrivait-elle a son terme? Allait-il mourir ainsi, sans avoir pu terminé ce pourquoi il était venu? Lentement il ferma les yeux. Toute envie de vivre l'avait quitté. Plus rien n'avait d'importance a ses yeux. Étant donné qu'il avait perdu la seule personne qui lui restait et qu'il aimait. Il fit le tour de sa vie. Son enfance banale. Son père qui voulait faire de lui un élément important au sein du Phénix. Sa mère qu'il n'a que trop peu connu. La première femme qu'il a aimé mais que la vie lui a ôté. Black....Black?!
Une forme noire se dessina sur le banc de sable. Oubliant sa douleur, Erik se précipita et tomba a genou près de ce qu'il croyait être son ami. Mais ce n'était pas lui. Un amas d'algues qui de loin pouvait ressembler a un chien.
De rage, Erik s'en saisit et la jeta au loin avant de tomber en sanglots. Il était anéanti. Cependant, a travers ce nuage de tristesse, une envie de vengeance naquit. L'homme savait pourtant que la vengeance n'était pas un sentiment qui l'aiderait mais c'était son seul moteur, la seule chose qui puisse lui éviter de sombrer. Il se ressaisit et commença a réfléchir aux évènements récents. Des pirates avaient emmener Masao. Ils allaient surement demander une rançon. Dans ce cas, la demande serait surement formulé a la famille. Et il lui était impossible de retourner voir la famille du jeune homme. Avec aucun repère spatial, la seule solution qui s'ouvrait était de trouver une ville et de récolter des informations jusqu'à ce qu'il puisse trouver Masao. Erik entreprit alors de continuer sa marche solitaire....

Peu de temps après, Gotenba:

Le jeune fils du feu cligna des yeux pour chasser la poussière de ses yeux. Sa déambulation dans la ville de la terre l'avait mené dans une ruelle de terre et de sable. Elle avait en effet tout d'une ville banale. Cependant, Masao avait déjà remarqué la banque. Elle était situé a coté d'un magasin de vêtement dans lequel il était passé pour se fondre dans la population locale. Il y était entré et elle n'avait rien a envié a la prison de la capitale du feu. Des gardes de la terre partout a l'allure pas franche, et un système particulier pour ouvrir les coffres. En se faisant passer pour un jeune en exposé, l'homme de la réception lui avait expliqué un procédé particulièrement efficace. Il fallait tourner la clé du propriétaire du coffre et celle du garde qui ouvrait la seconde serrure, qui se trouvait un peu plus loin, en même temps pour espérer voir le contenu du coffre. Mais encore fallait-il savoir quel coffre ouvrir.
Et pour cela, pas le moindre indice. La seule chose que Masao savait, ce qu'il y en avait beaucoup. Mais forcer une banque comme cela nécessiterait beaucoup de moyen...
Masao s'arrêta dans un bar pour se reposer un peu. L'endroit était miteux. A peine un petit feu dans une cheminée. L'odeur qui y régnait était répugnante mais c'était le seul endroit pour débuter. Il s'assit sur une table dans le fond de la pièce. Le barman vint pour prendre sa commande et le jeune homme prit une tisane verte avec des feuilles de menthe. Il observait toutes les personnes présentes. Un maitre de la terre lui serait utile pour le début de plan qui germait dans la tête du jeune homme. Quand le barman lui servit sa tisane, un autre homme vint s'assoir en face de lui. Sans réagir plus que ça, Masao observa celui qui venait de s'imposer devant lui. Un homme de son age, les cheveux blonds dorés, les yeux bleus.

-Vous cherchez quelqu'un pour vous aider n'est-ce pas? Demanda l'inconnu.

-Ha parce que vous êtes télépathes dans votre région?

L'étranger ricana.

-Je vois simplement ce que votre magnétisme dégage. Je suis un maitre de la terre je ressens donc les vibrations aussi infime soient-elles. Les vôtres s'agitent très légèrement quand vous observez les gens. J'ai alors pensé que vous cherchiez quelqu'un pour une mission.

Masao resta silencieux. L'inconnu allait être très utile.

-Comment vous appelez-vous? questionna-t-il en buvant une gorgée de tisane.

-Taïzô. Et vous êtes....

-Masao, répondit l'intéressé.

Comme un silence s'était installé, le fils du feu décida d'expliquer les termes de la mission.

-Il s'agit d'un coup extrêmement dangereux. Je ne vous demande pas de me suivre alors si vous voulez partir, je ne vous retiendrais pas....

Taïzô hocha de la tête lentement. Masao continua:

-Il faut que je récupère un objet important dans la banque de votre ville. Et j'ai besoin de vos compétences pour y arriver.

Le fils de la terre semblait plutôt excité par l'idée de cambrioler une banque. Il ne semblait pas apeuré, au contraire.

-Très bien. Vous devez avoir un plan je suppose.

-En effet....

-C'est risqué, constata calmement Taïzô.

-C'est risqué oui. Nous n'avons que quarante pour-cent de chance de succès mais il faut que nous essayons.

Masao prit une gorgée de sa tisane et le liquide brulant lui fit du bien.
Soudainement, deux soldats de la terre firent irruption dans l'auberge. Ils renversèrent la première table et l'un deux mugit en pointant un homme assis tranquillement:

-C'est ce sale voleur arrêtez-le!!

Les deux gardes qui n'avaient rien dit se saisirent de l'homme qui tentait de s'expliquer et qui se débattait. Les spectateurs y restaient indifférents et continuaient leur discution. Une fois sortit, le calme revint progressivement dans la rue. Taïzô sera les poings a tel point que ses articulations blanchirent. On aurait cru qu'elles se seraient bisées.

-Un problème? Demanda Masao

-Ce qui vient de se passer est malheureusement devenu courant de nos jours. Nos compagnies marchandes perdent de plus en plus de clients. Ils sont victimes d'attaques de leur convois. Du coup, ils s'endettent auprès de la ville et sont incapables de rembourser. Ils finissent par voler avant de se faire prendre...

-Et c'est pour ça que vous avez besoin d'un travail..., comprit-t-il

-Oui. J'ai pensé que vous étiez un de ceux qui recherche des mercenaires pour des missions. J'ai eu de la chance de ne pas m'être trompé. Cette pratique est punie par notre loi car elle ferait baisser nos capitaux. Comme si ils n'étaient pas assez bas....

Masao constata alors l'ampleur des actions des pirates. Il était persuadé que ceux qui avaient enlevé son père était ceux qui pillaient les marchands. Son côté opportuniste refit alors surface.

-Tu veux être payé combien?

Le tutoiement permettait de mettre son interlocuteur en confiance. Et ce, même sans son accord. Surtout que les deux jeunes avaient a priori un age qui se ressemblait.
Après un court moment de réflexion, Taïzô reprit la parole:

-Compte tenu des risques et des chances de succès....Je dirais 1000 Vils.

Masao était loin de posséder une telle somme. Calculant ce qu'il allait dire, il se mura dans un silence taciturne avant de déclarer:

-Je te propose un marché.

-Quel type de marché?

-Un marché qui te permettra de faire diminuer voire de faire cesser les attaques des convois marchands....

Le fils de la terre ne dit rien. Une telle occasion ne se représenterait pas de si tôt. Masao le savait et c'était exactement pourquoi il en parlait.

-Je t'écoute, fit Taïzô

-Si nous réussissons a récupérer l'objet dans la banque et que nous le rendons a celui qui le veut, je pourrais procéder à un échange et garantir la sécurité de vos routes de commerces.

-Et si nous ne récupérons pas ton objet?

-Dans ce cas je m'éclipserais, tu n'entendras plus parler de moi et malheureusement, les attaques continueront.

Après un silence, Taïzô se risqua à demander:

-Il doit bien y avoir des conditions a ton marché.

-Je souhaite simplement ne pas te payer en l'échange de l'aide que je peux apporter a ton village. Si tu reviens en héros, je ne crois pas que tu auras a te soucier de problèmes financiers....

Masao sourit froidement. Il avait mis Taïzô dans une situation délicate. Sa seule chance était de tenter le coup. Certes il ne serait pas payer, mais la garantie de sauver les marchands serait surement une motivation suffisante pour le mener la ou il le voulait. Recruter des alliés en se servant de leurs envie était une première partie du plan du jeune fils du feu.

-Ça marche pour moi, dit le fils de la terre en tendant la main a Masao.

Ce dernier le serra sans émotions.

-Nous commencerons l'opération ce soir. Plus tôt nous accomplirons ce vol, plus tôt les marchands seront en sécurité.

Quelques mois plus tôt, quelque part près du Pôle Nord

Deux hommes se serraient autour d'un baril enflammé dans l'espoir d'éloigner le froid. L'océan du pôle nord n'était pas un endroit rêvé pour rester immobile. Seul les fils de l'eau avait pu résister aux conditions extrêmes du lieu.

-Bon sang on va finir aussi geler que ces machins, dit l'un des homme en désignant une stalactite.

-Cesse de te plaindre, répliqua l'autre. Je te rappelle que c'est de ta faute si on est coincé ici. Les ordres étaient pourtant simples. Immobiliser le navire pas le couler. Il suffisait de s'y introduire pour le saboter mais non, le grand Kamar a préférer jouer les grands et a lancé une torpille.

-Et alors? Il a coulé lentement en donnant tout le temps aux passagers de s'accrocher a quelque chose de solide.

-C'est justement pour ça qu'on est là a rechercher des survivants sombre idiot! S'emporta l'homme.

Un homme a l'allure sinistre s'avança alors, tenant en respect les deux autres.

-Où en est-on?, demanda-t-il.

-Des poissons morts et des vieilles caisses. Rien de vivant. Ça va faire plus de huit heures maintenant. Des hommes sont partis fouiller toute la côte.

Au loin, une lumière vive s'alluma. Trois fois avant de disparaître dans l'obscurité. On aurait dit des flammes que quelqu'un produisait en faisceau.

-Trois appels. C'est le signal.

-Le signal de quoi?

-Le signal qu'une unité de recherche a trouvé quelqu'un.

Gontenba, une semaine après le post précédant.

Masao avait prévu un plan. Mais, il fallait de la préparation pour cela. Aussi, au lieu de précipiter l'opération, il préféra attendre une semaine et agir avec plus de précision. Les deux jeunes entrèrent dans la banque en fin d'après midi du septieme jour. Taïzô était entré par une porte a tambour d'un pas décidé en direction du bureau d'accueil. Masao le suivait de loin en trainant les pieds, un sac sur le dos. Il portait des lunettes noires pour observer discrètement le hall. Le fils de la terre s'avança et sa racla la gorge pour que l'homme assis le remarque.

-En quoi puis-je vous aider messieurs?

-J'aimerais ouvrir un coffre. Le numéro....700.

-Oui bien sur monsieur. Asseyez vous là. Mon nom est Bertholt et c'est moi qui vous accompagnerai.

D'une main, il saisit un dossier et vérifia le numéro.

-Ha c'est pour Monsieur Lee. Vous êtes de sa famille?

-Oui je suis son fils, répondit Taïzô en lui tendant sa carte d'identité. Il s'est cassé la jambe hier soir et m'envoie a sa place pour chercher un objet de son coffre.

-Très bien suivez-moi. Heu...Ce jeune homme nous accompagne?

Taïzô se leva:

-Bien sur. C'est un de mes gardes. Ne vous fiez pas a sa taille, il est plus féroce qu'un loup.

Bertholt acquiesça et les invita à monter les marches de marbre. La pauvreté semblait avoir épargné le bâtiment. Derrière ses lunettes, Masao avait compté le nombre de gardes. Sept rien qu'au rez de chaussé. Après cinq minutes de marche, un homme a carrure massive portant une armure aussi impressionnante les attendait.

-On va vous fouiller, dit -il de sa voix rocailleuse.

Il s'avança de Taïzô et se lança dans une fouille corporelle très précise. Puis, il ferma les yeux durant une minute.

-Rien de suspect, lança-t-il a voix haute.

Puis il se tourna et ôta le sac du dos de Masao pour le fouiller.

-Qu'est ce que c'est que ça? Demanda-t-il en sortant un cadre en bois de forme rectangulaire.

Masao le lui prit rapidement et le secoua. Un bruit de collision étouffée se fit entendre:

-C'est une sorte de boîte a musique. Un nouvel instrument très à la mode pour ceux qui sorte de chez eux...

-Mmmh....Et ça?

Il agita un trousseau de clé. Le fils du feu se gratta la tête.

-Heu...on dirait des clés non?

Le vigile les examina. Banales a première vue.

-Les clés restent ici.

Puis, il ferma aussi les yeux. Après même pas trente seconde, il fronça les sourcils.

-Tu as quelque chose en métal sur toi? De l'argent ou autre?

-Non.

Masao souleva sa lèvre supérieur. Deux bandes de métal s'étiraient sur ses dents. Le garde qui n'en avait jamais vu resta perplexe.

-Il faut que je le laisse aussi ou je dois m'arracher les dents une par une?

Le garde prit la question au premier degré:

-Non. Tu peux entrer.

Bertholt les conduisit devant une porte en plaque de métal circulaire d'au moins cinq mètres de diamètre. Il la fit pivoter aisément grâce a sa maitrise malgré sa taille. Derrière s'alignaient des rangées de coffres individuels de toute les tailles et de toutes les formes. Chacun était doté d'un unique trou de serrure rectangulaire.
Le guide sortit une clé de sa poche et fit un signe a Taïzô qui sortit une clé semblable de son manteau. Ils introduisirent alors leur clé dans les serrures respectives. Bertholt sur la serrure principale, Taïzô dans celle de son coffre. La porte s'ouvrit.

-Merci Bertholt, dit Taïzô en tendant sa main a l'intérieur du coffre.

-Je vous en prie Monsieur. Je resterai a l'entrée. Le règlement m'oblige a revenir toutes les trois minutes, même avec la surveillance des gardes pour vérifier que tout va bien.

Lorsque l'employé fut sortit, Masao se retourna vers son complice:

-Je ne crois pas avoir décidé d'être un garde plus féroce qu'un loup.

-J'ai improvisé, répliqua-t-il avec humeur. Pourquoi tu serais le seul a t'amuser?

-Il nous reste donc cent quarante secondes, enchaina Masao sans prendre en considération la remarque. Allons-y

Le fils de la terre ôta un rouleau de son coffre. Un simple dessin d'architecte. Il le déplia. Le document faisait bien deux mètres de coté. Il le tin a bout de bras, faisant mine d'examiner le plan tracé sur le papier.
Masao jeta un regard en dehors de la salle des coffres. En hauteur sur un balcon, un garde effectuaient une ronde.

-Lève les bras de quinze centimètres, murmura-t-il, Maintenant déplace toi d'un pas sur la gauche

Taïzô s'exécuta d'un mouvement naturel, toussotant et secouant le document comme pour mieux le voir.

-Bien. Parfait. Reste comme ça.

Le plan cachait une grande surface du champs de vision du garde si il décidait de regarder en bas.
Le fils du feu s'adossa contre un mur, entre deux bancs et souleva ses pieds hors de ses chaussures. Avec des gestes précautionneux, il se glissa ensuite sur l'un des bancs. Il plongea la main dans son sac et en sortit le rectangle long de bois. Il ouvrit le carré qui servait de couvercle et en sortit cinq pierres brunes.

-Baisse toi un peu.

Taïzô fit mine de ramasser quelque chose. Masao lui, disposait les cinq pierres en cercle autour de lui. Puis, les deux jeune reprirent leur position. Le fils de la terre ferma les yeux pour se concentrer. Mais il finit par demander:

-Franchement, tu crois que de simples pierres vont tromper leur vigilance?

-Théoriquement oui. J'ai étudié ça en cours. Si le magnétisme des pierres est assez fort, il peut créer un spectre magnétique dans un rayon choisi. Tu peux alors placer un autre champs magnétique a l'intérieur sans que les gardes ne s'en rendent compte. Ils ne percevront que ce que leur envoie les pierres, en supposant pour que la variation ne soit pas trop forte pour les perturber.

Peu convaincu, il ferma de nouveau les yeux. Masao évalua qu'il leur restait deux minutes. Une chance que le père de Taïzô possedait un coffre à la banque. Sinon, il aurait fallut réorganiser un plan. Quelques secondes plus tard, Taïzô ouvrit les yeux. Son regard n'avait rien de réjouissant.

-Tu me croiras ou pas.....Mais il n'y a ici que de l'argent ou des bijoux....Ton parchemin est introuvable....

Au même moment que le post précédant.

Erik ne savait plus depuis combien de temps il marchait. Son cerveau semblait avoir oublié toute notion du temps. Il ignorait aussi et surtout où il était. Tout était mélangé dans son esprit. De vagues souvenirs brouillons l'assaillaient de temps à autre, mais rien de clair. Le soleil était le pire. Sans la moindre goutte d'eau sur lui, Erik était complètement déshydraté. La faim lui labourait aussi le ventre mais le pire était avant tout une sensation de vide rarement éprouvé. Comme si une part de son être s'était envolé. Pourtant, quelque chose le maintenait debout, le forçait a continuer a avancer sans s'apitoyer sur son sort. Il n'avait peut-être pas pu sauver Black, mais il pouvait toujours espérer protéger Masao.
A environ mi-journée, il atteignit un petit village. Plus précisément, un amoncellement de quatre habitations. Il se dirigea vers la première et frappa a la porte. Un homme trapu vint lui ouvrir.

-Ouais c'est pour le lait?

-Pas vraiment. Je voudrais juste avoir des informations.

-C'est pas pour le lait? Bah c'est pas important alors!

Et il claqua la porte. Erik se dirigea vers la seconde masure. Cette fois-ci, ce fut une femme qui ouvrit. Ses cheveux était salis par la poussière, ses traits étaient tirés. Mais sa voix était aux antipodes de son aspect.

-Oui?

-Bonjour madame. Je souhaiterais avoir quelques information si c'est possible...

-Bien sûr de quoi s'agit-il?

-Où se trouve la ville la plus proche?

La femme toussa, surement pour cacher une gêne. Elle ne devait pas avoir l'habitude de voir des étrangers.

-Et bien, si vous partez d'un quart nord-est en suivant ce chemin, vous atteindrez Dafeng. Elle est à deux jours de marche.

La perspective de devoir marcher durant deux jours dans son état ne réjouissait pas Erik. Mais il n'en fit rien paraître sur son attitude et remercia la femme pour repartir. De plus, Dafeng était une ville où un agent du Phénix se trouvait ce qui le stimula. Juste avant de quitter le village, il remarqua un cheval-autruche dans un enclot. Celui de «l'homme-au-lait». Discrètement, il sauta par dessus la rambarde de bois et enfourcha l'animal qui ne broncha pas a la vue d'un parfait étranger. Erik le talonna et il s'élança rapidement vers le chemin de terre.
Le trajet prit moitié moins de temps et le matin même, il vit les premiers champs de céréales. Il relâcha sa monture et s'engagea a travers les épis de blé. Au fond de sa tête, Erik pensait sans cesse a ce qui pouvait arriver a son principal. Même si il était plus qu'un garde du corps, il avait failli a sa première tâche qui était de ne jamais quitter le principal. Mais les choses qui se passaient en sa présence étaient déroutants. Une attaque d'un bandit. Et pourtant, Erik savait qu'il connaissait celui qu'il avait brièvement affronté. Une sorte de nappe noire l'empêchait de s'en rappeler.
A force de réfléchir, il atteignit l'intérieur de la ville sans s'en rendre compte. Il referma son manteau noir et baissa légèrement son chapeau. Une chance qu'il ne l'ai pas perdu aussi.
Pour le début de ses recherches, il devait aller dans une auberge. Un lieu qu'il connaissait puisque c'était là qu'un de ses ancien contact se trouvait. Erik s'installa dans un coin sombre et attendit. Ce qu'avait dit le jeune fils du feu trottait encore dans sa tête. Tout paraissait s'enchainer. Le Phénix le recontacte mystérieusement et un assassin tente de le tuer. Suite a cela, le même tueur les attaque au port et pour finir, on capture Masao.
Un homme s'assit alors à la table d'Erik. Ce dernier cru le reconnaître mais ne dit rien.

-De quelle couleur est la lune? Demanda l'inconnu.

-Noire..., répondit Erik reconnaissant le mot de passe.

Un sourire s'étira sur le visage de l'étranger. A la fois heureux, et extrêmement surpris.

-Bon sang de bois! C'est bien toi?!

-Content de te revoir aussi Phil.

Le serveur s'arrêta et ils commandèrent un thé noir.

-Mais qu'est-ce que tu fais là? Je croyais que tu étais a la retraite?

-La société m'a recontacté....J'aurais besoin de quelques renseignements.

-Bien sur vieille branche! Mais j'y pense, Black n'est pas là?

Erik baissa la tête. Il afficha une mine sombre. Pas besoin d'en dire plus.

-Alors....qu'est ce que tu veux savoir? Continua Phil pour distraire son interlocuteur.

L'homme se retourna et vérifia si personne n'était assez proche pour les entendre. Puis, il lui raconta tout depuis qu'il avait quitté le Phénix jusqu'à son arrivée jusqu'ici. Phil paraissait étrangement calme.

-Et tu penses que ce Masao est encore en vie?

-Je crois. Après tout, si les pirates l'ont capturé c'est pour lui demander quelque chose. Mais je ne m'explique toujours pas comment ils étaient au courant de notre voyage...

-Écoute, je te conseille d'abandonner tout ça. Cesse de protéger ce gamin. Tu pourrais ne pas en revenir.

Erik resta perplexe. Il n'avait pas eu d'informations mais ce qu'il venait d'entendre n'atténuait pas ses doutes. Il fixa son ancien associé dans les yeux. La tension monta d'un coup.

-Tu sais des choses que tu ne veux pas me dire.

-....

-Je n'ai pas le choix Phil. Si j'abandonne, sa mère ne me le pardonnerais jamais. Et puis, c'est dans le code d'honneur du Phénix. Ne jamais laisser la nation du feu tomber.

Et il se dirigea vers la sortie, la tête pleine d'interrogations. Mais avant même avoir pu sortir, le barman barricada la porte avec une épaisse poutrelle. Son regard avait complètement changé de celui qu'il avait juste avant.

Je suis tombé dans un piège!

Suite de l'avant dernier post

C'était impossible. Les pierres empêchaient les maîtres de la terre de percevoir les vibrations provoquées par Taïzô, le leurre de clés avait fonctionné. La seule explication était que Merv l'avait envoyé dans un piège. Pendant que Masao se triturait l'esprit, le temps tournait. Mais Taïzô pouffa de rire.

-Je vais pas te laisser patauger encore. C'est bon je l'ai trouvé il est là.

Et il pointa un coffre du doigt, un sourire au lèvre

-C'était une blague!

-Tu crois vraiment que c'est le moment de faire des blagues?

-De toutes les façons j'ai le sentiment que ça ne sera jamais le moment alors autant profiter.

Masao secoua la tête. Décidément, son coéquipier avait un sens de l'humour bien particulier. Il enfonça deux doigts dans sa bouche et enleva l'appareil fixé a ses dents du haut. Derrière était dissimulée une petite broche en fer ou était fixé une clé. Un passe partout qu'ils avaient fait faire par un serrurier de la ville deux jours auparavant.
Le jeune homme remua de la mâchoire. Le problème était maintenant celui de la distance. Il y avait plus de deux mètres entre le coffre et la serrure centrale, près de la porte. Non seulement il était impossible d'ouvrir le coffre seul, mais en plus, si l'on s'approchait de la serrure, on se rendait visible par les gardes.
C'était une éventualité a laquelle Masao avait pensé. Mais le temps était un ennemi, il fallait faire vite. Il saisit le tube de bois qui reposait toujours sur le banc de pierre et le brisa en deux. A l'interieur, des petits bâtons de bois formait un parcours aux pierres ce qui provoquait ce son si particulier. Chacun de ses bâtons pouvaient s'encastrer dans un autre. De plus, le rouleau que lui avait donné Merv se trouvait dans un coin. Certes chiffonné, mais entier. Masao monta rapidement une perche avec. Puis, il fixa la clé avec les broches de fer au bout.
Toujours perché sur son banc, il s'avança en direction de la serrure, suivi par les mouvements de Taïzô qui le cachait derrière son plan. Il masqua ainsi la serrure centrale sans exposer Masao.
La serrure n'était plus qu'à un mètre. Masao se pencha aussi loin qu'il le pouvait sans perdre l'équilibre et enfonça la clé dans la serrure. Il recula rapidement et Taïzô pouvait a nouveau se reculer pour masquer le coffre qui les intéressait.
Le plan reposait sur l'hypothèse que les gardes se concentreraient uniquement sur le fils de la terre et ne remarqueraient pas une tige de bois s'étirant en direction de la serrure centrale.
Puis, Masao tourna la tige et la clé dans le coffre en même temps. Un déclic se fit entendre.

Trente secondes ,pensa-t-il

La porte du coffre s'ouvrit alors. Le fils du feu ressentit une satisfaction. Il approchait lentement de la libération de son père. Refoulant les pensées qui pourraient le distraire, il remplaça le rouleau, qui était bien sur scellé, avec le faux et ferma le coffre. Enfin, il retira la tige et enleva les clés, toujours accompagné des mouvements de Taïzô, et ragrafa les broches de métal à ses dents. Il remit toutes ses affaires dans son sac.
La tête de Bertholt réapparu au moment ou Masao se glissait dans ses chaussures.

-Tout se passe bien? Demanda l'employé

Taïzô replia le plan et le rangea dans sa poche.

-Tout a fait Bertholt. Vous pouvez nous ramener a l'entrée.

L'homme s'inclina légèrement et les invita a quitter la chambre des coffres. Masao parti un peu en retard pour ramasser les pierres avec précaution. L'homme sur le balcon avait disparu.
Le garde les attendait a l'entrée, les bras croisés sur sa poitrine de rhinocéros. Il tapota sur l'épaule de Masao:

-Tu te crois malin mon bonhomme?

-Comparé a toi certainement.

Le vigile se pencha, les mains sur les genou jusqu'à ce que ses yeux soient au niveau de ceux du jeune homme.

-C'est moi qui vous regardait du haut du balcon. Tu n'as pas bougé d'un poil. Pour un garde du corps c'est étrange...

-Je ne crois pas. Mon but est de protéger Monsieur, pas de me promener dans votre banque...

-De toutes les façons, tes pieds n'ont quasiment pas bougé. Et puis en plus, ton employeur n'a fait que regarder son rouleau. Nie le ou non, je les ai vu.

Masao sourit:

-Peut-être que ce n'était pas cela qu'il fallait regarder.

Sur cette phrase, il se lança a la suite de Taïzô et de Bertholt.
Une fois sorti de la banque et a distance raisonnable, le fils de la terre laissa éclater sa joie:

-C'était impressionnant! On a réussi! Je pensais vraiment pas que ça allait marcher.

-Oui, avoua-t-il, c'était un coup que je ne pensais pas réalisable.

Taïzô continua de jubiler jusqu'à ce qu'ils arrivent chez lui. Un domestique les reçu et les emmena dans le bureau de son père. L'homme était assis et réfléchissait sur une carte géographique du Sekaï.
Il leva les yeux:

-Ha Taïzô, s'exclama-t-il, j'espère que tu as trouvé le plan. Nos caravanes sont encore tombé dans un piège. Si je ne construit pas ce bâtiment pour notre ville, elle risque de s'effondrer économiquement parlant.

-Oui père le voici, dit-il en lui tendant le parchemin.

L'homme avait les cheveux bruns en queue de cheval. Un habit de noble de la terre. Ses yeux cependant marquait des nuits blanches passées a résoudre ses problèmes.
Une fois le rouleau en main et un examen rapide, il reporta son attention sur Masao:

-Puis-je vous aider? Mon cabinet est fermé pour aujourd'hui.

-A vrai dire, je ne suis venu qu'accompagner votre fils a la banque. Je devais faire un exposer pour mes cours.

Le fils du feu s'inclina et s'apprêta a partir quand Taïzô le retint par la manche et lui glissa a l'oreille:

-Attends moi dehors.

Sans répondre, il quitta la maison pour attendre a l'extérieur. L'opération s'était bien passée. Mais il fallait encore s'arranger pour faire sortir son père des griffes des pirates. Et tenter de retrouver Erik. Depuis qu'il était a Gotenba, Masao n'y avait pas pensé. Mais maintenant, il savait que sa présence pourrait se révéler utile. Une ombre s'esquissa derrière un buisson et un parchemin atterrit devant ses pieds. Le mouvement disparu rapidement. Masao se pencha pour ramasser le rouleau et le lire:

Si tu lis ce message, c'est que tu as récupéré le rouleau. J'espère pour toi qu'il n'est pas ouvert ou tu pourrais le regretter. Tu n'as maintenant plus qu'à te rendre à l'embouchure du fleuve qui prend sa source dans la baie de Nimong. Une fois rendu sur place, allume une torche rouge et attend notre venue.

Masao replia le rouleau. Malgré qu'il avait conscience de son potentiel, il savait aussi que Merv était quelqu'un d'intelligent et qui disposait de moyens importants. La chasse était donc lancée...

Dafeng, même moment que le post précédent.

Erik se contentait de réfléchir a toutes les possibilités. Ses ennemis étaient en supériorité numérique. Qui plus est, son ancien-associé, était un excellent combattant. Le barman sortit un couteau de son ceinturon et s'avança d'un air menaçant. Derrière lui, Erik pouvait entendre la voix de Phil:

-Tu aurais du abandonner dès le moment où tu as réussi a échapper a l'explosion du bateau. Ça nous aurait évité des ennuis et surtout, tu aurais pu retourner chez toi tranquillement. Maintenant que je sais que tu ne laisseras pas tomber, je n'ai pas le choix. Je dois te tuer.

Erik recula mais se retrouva bientôt bloqué par une table. Toutes les personnes de l'auberge avait une arme. Couteau, machette, l'opération semblait avoir été planifié depuis le début.

-J'aimerais savoir une chose. En quoi Masao vous intéresse-t-il? Le Phénix aurait-il quelques problèmes de recrutements?

-Tu crois vraiment que je fais encore parti du Phénix? Ça fait longtemps que j'ai quitté leur rang pour rejoindre.....les pirates! Ils ont une influence bien plus grande a travers le Sekai. Et puis, nous avons besoin de lui pour récupérer une chose d'une grande importance.

Le barman appuya son couteau sur le ventre d'Erik. Phil se leva de sa chaise et s'avança juste a côté de lui. Il s'approcha de son oreille pour lui murmurer:

-Il se passe bien plus de chose que tu peux l'imaginer entre son père et nous. Même le Phénix est mêlé a tout cela. Mais ils ne nous empêcherons pas d'agir. Pas cette fois.

Il laissa un silence avant de reprendre:

-Ho et la petite tentative de meurtre, c'était une erreur. Tu te trouvais sur le chemin de notre assassin. Comme tu avais aussi une tête a prix, cet idiot a penser remporter plus gros en te tuant avant de se débarasser de Masao.

-Je crois que tu as commis la même erreur que lui....

-J'aimerais bien savoir laquelle.

-Tu m'as sous-estimé.

En une fraction de seconde, Erik avait disparu. Le barman était éberlue par une telle vitesse. Il avait a peine cligné des yeux et son otage avait disparu.

-Cherchez-le!, tonna Phil, Il ne peut pas être bien loin!

Toutes les personnes du bar se mirent alors a sa recherche. Une partie monta a l'étage, les autres dans la cave. Phil restait dans la pièce centrale avec le barman. Ce dernier, sans comprendre ce qui lui arrivait se retrouva sans arme. Puis, contre un mur, inconscient. Erik réapparut devant le traître. Les marques bleues étaient réapparues au dépens du tatouage.

-Encore a jouer a cache-cache, railla son adversaire.

-Je ne compte pas me battre contre toi. Pas maintenant. J'ai une mission et je compte bien l'accomplir.

-Ha oui! Une mission.... Le protéger c'est ça? Tu ne pourras rien pour lui. Dès qu'il a mis son nez dans des affaires qui ne le concernait pas il s'est condamné. Tu ne pourras pas le protéger éternellement de nous ni du Phénix! Tôt ou tard, ils le tueront.

-Hé bien je ferais en sorte de retarder ce moment le plus possible, répliqua Erik. Et surtout, je ne te laisserais pas le plaisir de me tuer.

Dans un cri de rage, Phil envoya une boule de feu sur Erik. Ce dernier se la prit de plein fouet et fut projeté contre la charpente de bois qui se brisa. Les hommes qui étaient partis a sa recherche revinrent, alertés par le bruit. S'en suivi une véritable nuée de feu à l'endroit de l'impact. La structure de l'auberge commença alors a craquer et chacun tenta de fuir. Mais le mal était fait. Avec un craquement immense, la poutre centrale s'affaissa et l'étage s'écrasa sur les hommes.
Tout n'était que poussière. Les passants éventuels s'enfuyaient. Erik réapparu un peu plus loin. L'attaque ne l'avait pas totalement touché mais assez pour le faire souffrir. Il entendait au loin la voix de Phil:

-Alors!?! Tu te caches!? Espèce de lâche! Tu as toujours été un lâche! Tu ne sais rien de nos motivations alors cesse de te cacher et viens te battre!

Erik se détourna se ce spectacle affligeant. Aveuglé par sa rage, son ennemi lâchait des trombes de flammes a travers les débris. Il quitta alors la ville a l'aide de sa vitesse. Toutes ces pensées étaient tournées vers Masao. Il devait le retrouver. Une sorte de machination était a l'œuvre et son principal ne se doutait de rien. Peut-être était-il déjà trop tard. Mais non. Erik refoula ses pensées négatives et continua a s'éloigner de Dafeng. Quel était cette chose si importante que Masao devait récupérer pour eux? Il devait s'agir d'un lieu hautement protégé si ils ne risquaient pas de s'y montrer.

Mais bien sur!

Erik ne savait pas ce que les pirates recherchaient. En revanche, il connaissait un endroit très sécurisé et il pourrait surement s'y renseigner. Gotenba. Dans les temps où il était encore en formation, ses mentors l'avaient envoyé là-bas pour y évaluer la sécurité du bâtiment. Réputé quasiment inviolable, il faudrait un sacré coup de maître pour subtiliser quelque chose là-bas.
Sa direction était donc toute tracée. S'orientant avec les étoiles, Erik ne s'autorisa qu'une pause pour méditer sur la mort de Black.
Le lendemain de sa fuite de Dafeng, il aperçu les premiers murs de la cité. Il était arrivé. Il allait pouvoir se lancer sur la trace de Masao et ensemble, ils pourraient aviser des choses a venir et des complots l'entourant.

Gotenba

Une demi-heure plus tard Taïzô sortit de chez lui, un sourire aux lèvres.

-C'est bon! Lança-t-il joyeusement.

Masao se retourna.

-C'est bon quoi?

-Hé bien je t'accompagne.

Le fils du feu mit un moment a comprendre ce qu'il se passait. Avant tout, il avait pensé terminer toute cette affaire en compagnie d'Erik. Ce dernier n'étant plus la, la meilleure alternative aurait été de continuer seul. Eviter que d'autres personnes n'interfèrent. Voilà ce que voulait Masao.

-Tu comptes sérieusement te lancer dans une entreprise non seulement dangereuse mais en plus qui ne te concerne pas? Je voulais juste que tu m'aides a rapporter ce rouleau...

-Dis le si je te dérange!, répliqua Taïzô en riant. Ne t'en fait pas pour moi. Je sais me défendre. Et puis, mon père est d'accord. Je compte bien t'aider a secourir les marchands.

Masao voulut répondre qu'il ne s'agissait pas que des marchands mais il retint sa langue. Après tout, un fils de la terre pourrait bien être utile.

-Très bien. Je veux bien que tu m'aides. Si toutefois tu souhaites abandonner, je te retiendrais pas. Rien ne t'o....

-Hahahahaha!! Abandonner? Non mais tu plaisantes! Je compte bien rester avec toi jusqu'au bout. Je ne quitte pas ma maison pour y retourner alors que tu vas t'amuser un peu avec des brigands.

Masao était un peu dérouté. Jamais il n'avait eut a faire avec quelqu'un comme Taïzô. Il semblait content de quitter sa maison, presque....heureux.... A chaque fois qu'il parlait, il riait, débordait d'énergie. Et surtout, le fils du feu avait l'impression que Taïzô tentait de nouer une amitié. D'habitude, tout le monde cherchait a l'éviter, et Masao faisait son possible pour ne pas être aimé. Mais contre toute attente, cela ne semblait pas affecter Taïzô. Au contraire.
Les deux jeunes se dirigèrent vers la sortie de la ville, conscient du danger qu'ils courraient avec le parchemin.

-Tu sais, dit Taïzô sur la route, tu devrais penser a écrire un journal.

-Un journal? Pourquoi faire?

-Bah, raconter les évènements de ta vie qui t'ont marqué. Comme ça, tu pourras toujours te souvenir de qui tu étais dans le passé et comment tu as évolué. Mine de rien, pour progresser dans la vie, ça aide.

-Mmmh....Pourquoi pas...

Masao n'était pas très convaincu. A quoi bon raconter sa vie dans un livre si ce n'est pour que d'autres ne le lise.

-A ce propos, continua le fils de la terre. On va faire un bout de chemin ensemble. Alors il serait pas mal qu'on apprenne a se connaître.

-A toi l'honneur.

Ils atteignirent a ce moment une auberge a la sortie de la ville. Celle où ils s'étaient rencontrés. Taïzô proposa qu'ils prennent un verre pour discuter. Une fois assis, commande prise, Masao se recula dans sa chaise pour mieux écouter.

-Pour faire simple, commença Taïzô, ma famille fait partie de la noblesse de cette ville. Mon père tient un cabinet d'architecte et il s'occupe de bâtir tout les bâtiments içi. Il est très renommé. De plus, il est une sorte de gouverneur. Il se charge des transports de marchandises, de la police etc...

Sentant une porte se refermer, Masao risqua une question.

-Et ta mère?

-Elle s'est faite assassiner il y a neuf ans.

-Je suis désolé.

-Non tu ne l'es pas, ria Taïzô. Tu ne la connais pas et en plus, je ne crois pas que ce soit ton genre de te soucier du sort des autres.

Le fils du feu ne laissa rien paraître sur son visage. C'était peut-être une coïncidence.

-Et on a retrouvé le coupable?

-Au début, l'enquête tournait en rond. Le seul suspect s'était enfui dans la nation du feu pour échapper a la juridiction de notre royaume. Fautes de preuves, l'enquête a été classé.

Masao sentit sa gorge se nouer. Était-ce possible? Non. Une simple erreur. Pourtant, tout concordait. Il laissa son interlocuteur continuer.

-Mais à la surprise générale, deux semaines tout au plus après, nous avons reçu une lettre. Un homme prétendait avoir trouvé le coupable. Personne n'y a cru en premier lieu. Ce fut lorsque nous avons vérifié tout son contenu que tout s'illumina. Avec une logique implacable, des déductions finement menées, le nom du coupable ne faisait aucun doute. Deux jours après, le même homme s'est fait arrêté et déporté dans notre ville où il y a été jugé. Heu...ça va?

-Oui...Excuse moi, un coup de chaleur, répondit Masao en buvant dans sa tisane. Continue.

Il n'y avait plus d'erreur possible. C'était bien lui. Mais lui en parler ne ferait que causer des problèmes. Le mieux serait de garder le silence.

-Dès que le meurtrier fut jugé, je ne voulais plus rester dans un monde où régnait la tristesse. J'ai aidé mon père du mieux que je le pouvais et pour me changer les idées, j'ai commencé a apprendre la maitrise de la terre. Puis, il y a eu ces attaques de marchands. Elles ont commencé il y a trois mois. Mon père refusait que je leur serve de garde. Alors je suis devenu mercenaire. J'ai essayé d'oublier ma peine par la joie. Et pour l'instant, je me porte plutôt bien.

Masao restait silencieux. Voilà pourquoi Taïzô semblait heureux. Car il ne pensait plus a la peine qu'il éprouvait après avoir perdu sa mère. La porte de l'auberge s'ouvrit. Un homme en manteau noir ouvrit la porte. Avec ce chapeau sur sa tête, on ne distinguait pas son visage. A peine avait-il fait un pas qu'il s'effondra au sol. Son chapeau tomba et Masao aperçu un tatouage qu'il connaissait.

-Erik!

Et il se précipita pour le secourir.

Cela faisait deux jours qu'Erik était arrivé dans l'auberge. Deux jours qu'il s'était effondré surement de fatigue. Où était-il depuis tout ce temps? Cela demeurait un mystère. Appuyé sur la rambarde du balcon, Masao avait le regard tourné vers la longue plaine de la terre qui s'étendait a l'extérieur des murs de la ville. Le père de Taïzô leur avait permis de séjourner chez lui le temps du rétablissement d'Erik. Quelque chose le chiffonnait. Black n'était pas avec lui. Soit il était retenu en captivité, soit il était tout simplement mort. Aucune des deux hypothèses n'étant préférables, le fils du feu préféra penser a autre chose. A ce moment, Taïzô arriva. Sa chevelure dorée semblait refléter les rayons du soleil.

-Tu le connais? Demanda-t-il arrivé a son niveau.

-Si tu résumes connaître a savoir son prénom et sa fonction, oui. Il est resté avec moi depuis que j'ai quitté la nation du feu.

Taïzô se pencha aussi sur la rambarde.

-Tu pourrais m'expliquer le pourquoi du comment?

Masao soupira. Il s'était attendu a ce cas de figure depuis qu'Erik était arrivé. Et cette fois-ci, aucun moyen d'y couper. Mais après tout, Taïzô allait faire route avec eux. Il devait être au courant.

-Nous avons quitté la nation du feu dans le but de rechercher mon père. Il s'est fait enlevé par des pirates pour des raisons encore obscures. Au cours de la traversé, nous avons été attaqué par ces même pirates. Ils m'ont capturé afin que je leur ramène le rouleau que nous avons dérobé pour libérer mon père. Je n'ai pas revu Erik jusqu'à avant-hier à l'auberge.

-Et tu penses que donner le rouleau aux pirates garantira la sécurité des marchands?

-Oui. Je peux rajouter ce terme du contrat avant de leur remettre le rouleau. Comme je pense que ce sont aussi eux qui sont a l'origine des attaques des convois, ils accepteront surement étant donné l'importance qu'ils éprouvent envers le parchemin.

-Sur quoi tu bases la théorie que les pirates sont a l'origine des attaques terrestres?

-La première raison, expliqua Masao, est que leur chef m'a assuré qu'ils avaient un rayon d'action étendu dans tout le Sekai. Ils ne peuvent pas donc se limiter au contrôle maritime. J'en ai donc déduis qu'ils agissaient aussi dans votre royaume. Ensuite, pour trouver le moyen de leurs agissement, j'ai recoupé les attaques des pirates avec celles des convois. D'après ce que tu m'as dit, les convois ont commencé a être attaqué il y a trois mois. Si je suppose que la capture de mon père était programmé de toute pièce, alors ces attaques avaient pour but de détourner l'attention.

-Comment ça? S'enquit Taïzô

-Mon père a été capturé il y a cinq mois. Bien sur, les forces de notre nation auraient dû envoyer des messages dans tout les royaumes. Les démarches administratives prenant énormément de temps, les pirates en auraient profité pour attaquer sur terre. Ainsi, le royaume de la terre se serait plutôt chargé de défendre ses propres frontières que de rechercher un sergent disparu. D'autant plus que les relations entre nos deux royaumes ne sont pas aux anges. Et donc, la nation du feu n'avait d'autre choix que d'attendre. Ils n'auraient pas osé envoyer des navires de combats dans les eaux du royaume de la terre. Ils auraient soupçonné une attaque de pirates banales et auraient abandonné les recherches. Enfin, ce sont des pirates. Si leur rayon d'action est aussi étendu qu'ils ne le prétendent, ils ont besoin de ressources. Le seul moyen, est le pillage.

Taïzô ne disait rien. Le raisonnement tenait la route mais il n'y avait pas de preuves concrètes. Seulement, cela semblait concorder.

-Mais toi tu n'as pas abandonné n'est-ce pas?

Masao secoua la tête.

-Pourquoi l'aurais-je fait? Si je leur avais exposé ma théorie, ils m'auraient ri au nez. Je n'avais pour seul moyen que d'attendre un moment pour agir. Et puis, il y a eu Erik...

-Qu'a-t-il fait?

-Rien rien...Mais je trouve étrange qu'il n'intervienne qu'au moment où moi je voulais y aller. Et puis, si j'ai raison, alors c'est que les pirates avaient accès a des informations sur le temps qu'il aurait fallu pour contacter ta nation et obtenir leur aide...En effet, ils sont très influents....

Le fils du feu mijotait une idée. Serait-il possible que le Phénix ait fait une alliance avec les pirates afin d'éliminer son père ou de le tuer lui? Dans ce cas, il y aurait eu conflit d'intérêt. Les pirates les aurait trahi. Mais qui pourrait croire que le Phénix ce soit allié avec des pirates pour supprimer quelqu'un de leur nation....
Masao tourna la tête. Taïzô qui le regardait fixement détourna le regard. Il voulait savoir quelque chose qu'il n'osait pas demander. Finalement, il demanda:

-Hem....Je voulais savoir....Tes yeux, c'est une maladie?

Masao sourit.

-Non pas vraiment. C'est vrai qu'ils me posent parfois quelques problèmes mais leur couleur n'est dû qu'a mes traits génétiques tout comme toi tu as les yeux bleus.

-Il n'y a pas que ça....Tu as vu les cernes que tu as? On pourrait croire que tu es un enfant traumatisé.

Sur cette plaisanterie, Taïzô ria. Un rire nerveux et sincère.

-En fait....C'est parce que je ne dors pas vraiment. Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps de sommeil pour être en pleine forme. Et puis, dormir c'est comme une perte de temps. C'est le seul moment ou mon cerveau est au minimum de ses fonctions.

-Tu devrais penser un peu moins a faire fonctionner ta tête. Ça te tueras un jour.

-Peut-être...

Masao n'en était pas convaincu. Il était comme ça depuis sa naissance. Pas besoin de dormir plus que nécessaire. Pour l'instant, il n'en avait pas souffert. Ou alors, peut-être était-ce la cause de ses crises. Non. Il avait passé une nuit complète une fois, après avoir veillé une semaine, et il avait quand même eu droit a trois crises de suite. C'était autre chose.

-Tu as du sucre?

-Pa...pardon?

-Du sucre. Des bonbons, des gâteaux ou quelque chose d'assez sucré.

-Surement dans le salon. Pourquoi?

Masao se redressa et se dirigea vers la porte. Avant de partir sans laisser de réponse, il eut un doute. Se ravisant, il tourna la tête et répondit:

-Pour réfléchir.

Et il se dirigea vers le salon.

Taïzô laissa Masao s'en aller. Il se demandait ce que le sucre pouvait avoir avec le fait de réfléchir. Après tout, manger ne stimule pas le cerveau. Son coéquipier était vraiment étrange. En même temps, Taïzô cherchait a en savoir plus sur lui. C'était peut-être un sentiment paradoxal, mais Masao dégageait quelque chose de mystérieux mais ne semblait pas vouloir d'une amitié. Le fils de la terre se demandait pourquoi il voulait rester avec quelqu'un comme lui. Peut-être justement parce qu'ils étaient radicalement opposés. Découvrir son inverse. Pourquoi pas?
Dix minutes après, estimant avoir traîné assez de temps sur le balcon, Taïzô retourna a l'intérieur. Il traversa la porte et se dirigea vers les escaliers. Si Masao comptait manger un gâteau ou quelque chose de sucré, soit il partait vers le salon, soit vers la cuisine. Premier essai, raté. Pas dans la cuisine. Croisant un domestique, Taïzô demanda:

-Ha Beralde! Avez-vous vu Masao?

-Oui monsieur, répondit l'employé, il est dans le salon en train de vider notre boîte a sucre.

-Et que faites-vous avec ce plateau?

-Je lui apporte d'autres gâteaux monsieur.

Taïzô était effaré. Comment pouvait-il manger tout un plateau de sucrerie et en redemander? Il se dirigea en courant vers le salon. Zigzaguant dans les couloirs, il déboula essoufflé, devant le long canapé de cuir.
Masao était assis dans une drôle de position. Au lieu d'être assis normalement, il avait les jambes relevés contre sa poitrine. Il n'était pas appuyé sur ses fesses mais sur ses pieds. Sa tête reposait sur ses genoux tandis qu'un long bras maigre attrapait une cuillerée de gâteau a la fraise posé sur la table de verre devant lui. Son autre bras montait en pyramide des sucres dont les yeux semblaient les dévorer. Au premier abord, on aurait pu le croire pour un attardé mais ses yeux semblaient dire qu'il était en profonde réflexion. Il avait troqué ses vêtements de la nation de la terre contre un tee-shirt a manche longue bien trop grand pour lui. Les plissures étaient très nettement visible. Son pantalon bleu (ressemblant a un jean) était a peu près a sa taille bien que les plis aussi fussent visibles. Avec ses cheveux en bataille, on aurait dit un enfant qui ne se souciait guère de son apparence.

-Mais qu'est ce que tu fais?,se risqua Taïzô

Juste avant de poser un dernier sucre, la main de Masao dérapa pour faire tomber toute la pile.

-C'est malin de m'interrompre....

Le jeune homme s'assit en face, sur un sofa. Il s'enfonça confortablement dedans avant de continuer:

-Tu n'as toujours pas répondu a ma question.

-C'est parce que je l'ai fait tout a l'heure. Je réfléchis.

Le fils de la terre sourit. Décidément, ils étaient bel et bien totalement différents.

-En te gavant de sucre.

Masao leva les yeux dans sa direction.

-D'après toi, comment fonctionne notre cerveau?

La question était tellement absurde et déplacée que Taïzô faillit s'étouffer de rire. Son interlocuteur restait impassible, se contentant de le regarder.

-Hé bien comme tous nos organes. Il se sert de ce que nous mangeons.

-Pas comme tous nos organes, rectifia Masao. Les cellules du cerveau ne se nourrissent que d'une chose, le glucose. Autrement dit, du sucre. Si on se sert de cet organe un peu trop et qu'il manque de sucre, les capacités de réflexion en pâtissent. Je ne veux pas en arriver là alors je prends mes précautions.

-Et qu'est ce qui te fait tant réfléchir? Questionna Taïzô au bord d'une autre crise de rire

-J'essaie de trouver un moyen de libérer mon père.

Le ton était dénué de tout sentiment. Neutre, mais néanmoins cassant. Le rire semblait s'être volatilisé dès que la phrase fut prononcée. Conscient qu'il l'avait dérangé dans ses réflexions, Taïzô ne sut quoi répondre. Après tout, Masao avait bien trouvé un moyen de s'emparer du rouleau dans la banque. Il était certain qu'il possédait quelque chose de plus que lui. Mais, ne c'était pas le sens de l'humour.

-Tu as trouvé quelque chose?

-Pas totalement. J'essaie d'abord de comprendre ce que je ne sais pas.

-Comme.....?

-Comme par exemple le lien qu'a le Phénix avec cet histoire, ou encore, quel est cette organisation de pirates qui semble être plus influente que tout les chefs de nations réunis...

Un silence. Taïzô en avait presque oublié de poser une question qui l'avait empêcher de comprendre certain point du raisonnement de Masao.

-Qu'est ce que le Phénix? S'enquit-il finalement

-J'en ignore probablement la plus grosse partie, répondit-Masao, mais je peux résumer ce que j'en sais.

Il se fourra encore une part de gâteau. Le serveur arriva alors, un autre plat dans les mains qu'il déposa devant Masao après avoir enlevé les assiettes et les sucres tombés.

-Tout d'abord, Erik qui est arrivé il y a deux jours en faisait partie. Eux aussi semble avoir une certaine influence. Mais elle se limite simplement a des indicateurs pour des missions par exemple.

Nouvelle bouchée.

-En'chuite, eu '-ê'e ch'on ' ils en 'ien a'ec 'es hauts 'i'i'aires de 'otre 'a'ion.

-...?

-*gloups* Pardon. Je disais, peut-être sont-il en lien avec les hauts dignitaires de notre nation. Erik était chargé de la protection de notre seigneur du feu. De plus, si ils sont capables d'avoir des informations sur leurs habitants, alors c'est qu'ils ont des espions dans la nation mais sans que ce soit illégal.

-Il est donc possible que ta nation soit au courant de leurs agissements mais ne dise rien?

-Possible en effet.

Morceau de sucre suivi de plusieurs craquements.

-Mais pourquoi? Ce serait une sorte de police secrète?

-C'est la qu'on entre uniquement dans les hypothèses. Si il s'agit bien d'une police secrète, alors c'est qu'il y a des complots au sein même de la nation du feu. Le rôle du Phénix serait alors d'assurer la protection de la hiérarchie politique.

-Et tu penses que cette société a d'autres rôles?

Masao sourit. Taïzô semblait commencer a le comprendre. Il s'enfila a nouveau une part de gâteau et prit le soin de l'avaler avant de répondre:

-Exact. Si c'était uniquement ça, le simple fait d'augmenter le nombres de soldats devrait suffire. Et puis, ce n'est pas dans la nature de notre nation de vouloir tout savoir ce ces citoyens. Non. Je pense que le Phénix agit de son propre gré pour protéger la nation. Si on suppose une certaine liberté d'action, alors il est probable que le Phénix soit une société totalement indépendante de notre nation tout en essayant de la protéger.

-Pourquoi la défendre? Vous n'avez pas assez de soldats pour le faire seul?

-Il ne doit pas s'agir uniquement de la nation. Peut-être...

Masao posa sa cuillère et se massa les tempes.

-Peut-être ont-ils un secret. Je pensais un groupe extrémiste mais c'est trop absurde. Cherchent-ils a cacher l'existence de quelque chose ou de quelqu'un? Dans ce cas, cette chose doit être en lien avec notre nation tout entière pour agir de la sorte. Mais quoi....Pas le seigneur du feu. Sinon, il n'y aurait pas la police secrète....

Taïzô restait silencieux. Il ne voulait pas de nouveau interrompre Masao de peur de perturber un raisonnement qui pourrait les aider par la suite. De son côté, il tentait de trouver. Cependant, il ne connaissait pas assez bien la nation du feu. Alors il rechercha dans sa propre nation. Mais aucun exemple de cette nature ne lui vint en tête. Masao continuait de parler a voix basse, se massant les tempes a mesure de ses réflexions. Puis, il brisa le silence.

-Il me manque des informations, conclut-il, Je ne peux pas uniquement me baser sur mes hypothèses. Mais j'ai bien avancé. Au moins maintenant, je saurais comment tourner les questionnaires d'Erik à mon avantage.

-Que veux-tu dire?

-En fait, il n'est pas seulement mon garde du corps. Il prétend qu'il cherche a m'aider. A quoi? Je pense que c'est pour mieux comprendre mon caractère que ma mère a voulut qu'il s'occupe de mon cas. Donc il me pose plusieurs questions personnelles...

-Un psychologue?

-Surement. En même temps, j'ai l'impression que quoique tu fasses, il tentera de t'analyser pour comprendre quelque chose...

Masao voulait garder pour lui le fait que sa mère avait voulu le faire entrer dans le Phénix.

-Enfin....,souffla-t-il, je suis sur qu'il est bien plus qu'il ne veut l'admettre. Je sais bien qu'il a un rôle très important dans cette histoire...

Taîzô changea de sujet:

-Et toi? Tu ne vas pas faire ton journal?

Le fils du feu montra un petit carnet noir.

-Je commence tout juste.

-Tu me feras lire? Ria Taïzô

Masao hésita. Il arriverait surement a cacher certains passages par un système de code a déchiffrer mais l'idée ne lui plaisait pas. Le fait de cacher des choses pouvaient compliquer les affaires mais une révélation en particulier n'était pas bonne a dire.

-Peut-être....

-Rhaaa! Mais tu n'as que ce mot a la bouche!

Pour toute réponse, il eut le droit a un passage de main dans les cheveux. Ces derniers se remirent en place a peine la main fut-elle enlevée.

-Tu ne sais pas te coiffer ou bien il y a autre chose?

-Digeons 'ue ch'est une 'er'e 'e 'emps. Che 'est 'as 'a 'ui 'e 'era 'ieux 'é'lé'ir.

-C'est pour ça que je te dis de moins penser a ta tête. On dirait un enfant.....traumatisé!

-*gloups* Et alors? Tu crois que je me soucie de mon allure? M'habiller comme ça ou me comporter comme ça ne changera rien a ce que je suis. Moi je te dis de moins te fier aux apparences.

-Comme tu veux....

Le serviteur arriva alors dans la pièce en courant. A peine remis de sa course, il dit:

-L'homme.....Il....Il s'est réveillé....

Sans poser de question Taïzô se leva, suivi de Masao qui venait de s'enfiler une autre cuillerée de gâteau a la crème. Le fils de la terre fut même surpris de voir qu'il pouvait encore se mouvoir après avoir passé autant de temps dans cette position.

Quelque part près du fleuve Drana

Un homme arriva en courant dans une salle de pierre. Il observa autour de lui avant de s'apercevoir qu'il y avait quelqu'un dans la pièce. Il s'inclina:

-Chef! Un espion nous a informé que Masao a récupéré le rouleau!

Le chef en question était Merv. Il était assis dans l'ombre sur un siège de pierre. Le garde se releva.

-Cesse de couiner! Lui intima-t-il. Je le sais bien c'était prévu. Tout se passe comme je l'avais imaginé.

-Mais chef. Si le gamin a réussi a récupérer le rouleau, cela ne veut-il pas dire qu'il pourrait tout comprendre?

Un sourire sinistre s'étira sur les lèvres de Merv:

-Tu doutes de mon plan?

-N...Non pas du tout. C'est juste que....

-Alors ne te préoccupe pas de ça. Ce gamin a peut-être réussi a tromper la vigilance des gardes, néanmoins il reste et restera un pion sur l'échiquier.

Le chef semblait sur de lui. Le soldat avait failli oublier que grâce a lui, personne ne pouvait les soupçonner. Alors ce n'était pas un jeune de la nation du feu qui allait les berner. Non. Jamais le chef ne s'était trompé et ce n'était pas maintenant que ça allait débuter. Il s'inclina de nouveau:

-Pardon chef. C'est juste que je suis nerveux depuis quelque temps.

-Et bien tâche a ne plus réitérer cette erreur ou tu risques de ne plus te préoccuper de grand chose.

Un autre homme déboula dans la pièce. C'était Kamar. Son allure imposante se distinguait très nettement de l'autre garde. Mais son regard vitreux laissait penser qu'il était plutôt du genre a réfléchir avec ses muscles.

-Chef!, beugla-t-il, notre captif c'est réveille!

-Et alors?

Kamar sembla hésiter. Mais pourquoi donc avait-il voulu voir le chef. Il se souvint enfin:

-Ha oui! Je me suis dit que peut-être il voudrait nous parler et tout dire!

-Pourquoi le ferait-il?

La question le prit au dépourvu. Il n'y avait pas songé.

-Si il n'a pas parlé depuis tout ce temps, pourquoi le ferait-il maintenant?

-...

-Dès fois je me demande ce que tu as dans la tête. Mais tu as raison. Allons lui rendre une petite visite.

Merv se leva, suivi de près par Kamar. L'autre garde s'éclipsa discrètement pour éviter de se faire coller des tours de gardes supplémentaires ou pire encore.
Le père de Masao de son vrai nom Hayate, avait été capturé il y a de cela cinq mois. Après le naufrage de son navire, il pensait ne plus jamais pouvoir revenir a terre. C'était sans compter les équipes de recherche des pirates. Ils avaient balayé la totalité de l'océan uniquement pour le retrouver. En même temps, cela ne le surprenait pas. Il savait qu'à un moment où a un autre, il devrait répondre de ses actes.
Les hommes arrivèrent dans une grotte humide. Une lourde porte de fer en barrait l'entrée. Kamar l'ouvrit et s'y introduit en premier pour vérifier que le prisonnier n'était toujours pas en état de se libérer. Ses mains étaient attachés croisées dans son dos avec une toile spéciale qui empêchait tout apport d'oxygène. Ainsi privées de sa source d'énergie, il n'y avait pas de feu possible. De plus, le tissu spécial résistait très bien a la chaleur. Parfait contre les maîtres du feu. Après toutes ses vérifications, Merv entra. L'atmosphère sembla s'alourdir.

-Alors! Tu n'es toujours pas décidé a cracher le morceau?

Pas de réponse. Merv s'approcha et susurra a l'oreille de son prisonnier:

-Tu sais....Il a récupéré le rouleau....

Et il se retira. Hayate releva la tête lentement. Son visage était marqué par la fatigue et les mauvaises conditions dans lesquelles il était. Mes ses yeux n'avaient rien perdus de leur détermination:

-Tu crois qu'il se laissera faire? Je te l'ai déjà dit. Mon fils te battra. Il comprendra ton stupide manège et il t'arrêtera.

-Vraiment?, répliqua sèchement Merv. Pour l'instant, il pense que nous ne sommes que des pirates, comme tout ceux que nous avons berné. Le Phénix n'interviendra pas. Je m'en suis assuré. Quoique tu puisses dire, il est perdu.

-C'est ce que tu crois....Tu es tellement sur de ton plan que tu n'as même pas inclus le fait que Masao ait déjà pensé a cela. Si tu es si brillant que tu te plais a le prétendre, alors tu devrais te douter des retournements de situation qui pourraient arriver.

Hayate baissa de nouveau la tête. Il essayait de gagner du temps. A ce rythme là, il ne pourrait plus tenir longtemps. Mais il était primordial qu'il ne dise rien. Absolument rien.

-De toutes les façons, rien ne peut nous arriver. Oui je suis sur de moi. Mais c'est parce que j'ai déjà imagine tout les cas de figure possible. Ton fils ne m'aura pas.

Merv laissa un silence avant de reprendre:

-Et tu ne veux toujours rien me dire?

-N'y compte pas.

-Bah! De toutes les façons, le Phénix ne se risquera pas a agir. Tu le sais n'est-ce pas? C'est pour ça que tu as passé ce pacte avec nous. Tu ne voulais que notre protection en échange du secret. Mais tu as été incapable de trahir qui que ce soit. Or moi, je l'ai fait. J'ai trahi mon premier accord avec le Phénix. Pourquoi ne pas le faire? Tu pourrais faire cesser tout cela. Tu pourrais trahir aussi. Dans ce monde cruel, seul ceux qui trahissent arrivent a leur fin. Et puis, maintenant tu n'as plus rien. Alors....Pourquoi ne pas me dire ton petit secret....

Les mots prononcés semblaient tellement vrais, tellement justes. Trop juste. Hayate se redressa:

-Tu ne m'auras pas. Ce que tu prétends est vrai. Je n'ai rien pu dire. Et c'est d'ailleurs pour ça que je me retrouve ici. Mais songes-y toi aussi. Le Phénix sera surement plus enclin a te trahir que moi lorsque vos intérêts ne seront plus communs.

Sur ces mots, Merv et Kamar quittèrent la cellule. Lorsqu'ils furent suffisamment éloignés, Kamar demanda:

-Hé! Chef! Si jamais il y a une erreur comme avec notre assassin et Erik?

-Quelle erreur? Elle a été rectifiée non? L'assassin était cupide. Ça été une erreur. Si Erik n'avait pas récupéré les informations qu'il portait, la mère de Masao serait morte. Tout aurait été un peu plus simple. Mais comme je l'avais prévu, Erik en a déduit que c'était Masao la cible. Il a donc pensé a le sauver en premier. Maintentant, tout va bien. Erik est mort, Phil va surement s'en assurer et va le rejoindre ensuite, Masao va me donner le rouleau pour nos plans et le Phénix ne fera rien.

-Et pour la mère du gamin?

-Elle n'est plus d'aucune utilité dans le plan. Ce n'était qu'un pion comme son fils. Rien de plus qu'un leurre. L'assassiner aurait poussé Masao a nous retrouver mais je crois bien que c'est Erik qui s'en est chargé. Avec la lettre qui a été déposé pour prévoir ce genre d'erreur, tout le poussait a le conduire a rechercher son père. C'était tout simplement gé-nial. Il n'est pas si malin que ça en fin de compte. Je n'ai pas a m'en faire.

Kamar ne comprenait pas. Alors c'était soit la mère de Masao était assassiné comme le plan A et donc, le gamin les aurait rencontré directement sans l'aide d'Erik, soit la mère n'était pas tuée et donc la lettre plus les «informations-leurres» auraient poussé Erik a emmener Masao pour le protéger et pour rechercher son père. Kamar se risqua a en savoir plus:

-Mais si ça se trouve, Erik enquêtait déjà sur le gamin....

-Bien sur sombre idiot! Sinon il n'aurait pas agit comme ça. Il a du être contacté par la mère de Masao pour le faire entrer dans le Phénix. Comme il devait l'espionner, il savait déjà certaines choses. Comment tu crois que j'en suis arrivé a ce plan magnifique? Parce que je savais qu'Erik allait intervenir. Et puis, son ancien-appartenance au Phénix allait parfaitement bien avec les évènements. Tout comme Phil. Un agent double. C'est pour ça qu'il fallait l'éliminer une fois le travail terminé. Tu comprends maintenant?

-Je crois....

Un gros mensonge. Mais Kamar avait saisit l'essentiel. Il n'y avait aucune chance d'échapper a ce plan. Rien qui puisse permettre d'en réchapper. C'était parfait. Le garde se félicita intérieurement d'avoir un chef si intelligent. Le gamin n'avait aucune chance.

Erik ouvrit les yeux difficilement. Il se trouvait dans une pièce spacieuse au mobilier riche. Taïzô entra dans la pièce suivi de Masao et de Bertholt.

-Où suis-je? Demanda-t-il.

-Chez mon père, répondit Taïzô, je me nomme Taïzô. Et vous êtes Erik n'est-ce pas?

Pour toute réponse, il eut droit a un grognement affirmatif. Erik se tourna vers Masao. Il n'avait pas bougé, se contentant de le regarder fixement. Il saisit une chaise et s'y assit bizarrement.

-Je crois que nous avons beaucoup de choses a nous dire.

Le message était clair. Taïzô congédia le serviteur et s'assura qu'ils fussent à l'abri d'oreilles indiscrètes avec sa maitrise. Masao saisit un bol remplit de sucreries et commença a les manger.

-'u 'eux y a''er.

Erik narra alors ce qu'il avait fait depuis la destruction du bateau jusqu'à son arrivé a Gotenba.

-.....C'est là que je vous ai trouvé. Mais je n'avais plus une once de chi en moi et me suis effondré.

-Il y avait donc un traitre, fit Masao pensif.

Un silence s'installa. Taïzô le rompit:

-Je pense que toi aussi Masao tu as des choses a lui dire.

-En effet. Et bien en fait, j'ai été capturé par ceux qui avait commandité l'attaque du bateau. Ce sont bien eux qui ont capturé mon père. Leur chef m'en a assuré.

-Tu sais comment il s'appelle?, s'enquit Erik.

-Merv. Tu le connais?

L'homme serra des poings. Masao sut a ce moment que tout deux se connaissaient. Peut-être une part du mystère allait-elle se lever.

-Oui. Mervall. Un homme extrêmement dangereux. Ex-agent du Phénix, il a rassemblé autour de lui les plus dangereux criminel de la nation du feu. Le Phénix a été chargé de s'en occuper lorsque j'en faisais parti. Mais nous n'avons jamais réussi a comprendre son véritable but.

-Je pense que c'est lui qui a organisé les attaques de marchands dans le royaume de la terre afin de faire baisser les soupçons de la capture de mon père.

-Typique de Mervall, affirma Erik, Il est très doué pour ce genre de choses.

-Et vous pensez savoir pourquoi faire tout cela uniquement pour la capture d'un sergent?

Erik resta pensif. Une part de lui-même voulait leur en parler. Mais une autre lui assurait que cela était trop dangereux. Oui il savait pourquoi Mervall faisait tout cela. Cependant cela ne tenait plus de son ressort. Finalement, il se décida:

-Je le sais. Mais il s'agit d'une chose trop importante et trop dangereuse pour que vous la sachiez a votre tour. Ce que je peux vous dire c'est que ton père Masao, est au courant d'un secret du Phénix qui lui a valut d'être pourchassé par ce-dernier. Si il a été capturé par les pirates, alors je suis prêt a parié que Mervall était au courant.

-Donc, le Phénix voudrait tuer son père pour qu'il ne livre pas le secret?

-Je pense. A l'époque où Mervall faisait parti du Phénix, il voulait savoir ce secret. Son arrogance ne lui permit que de rester au grade de soldat. La capture de ton père va peut-être lui permettre de le découvrir.

-Mais le Phénix n'intervient pas? C'est étrange. Ils auraient beaucoup mieux faire de dissoudre son assemblée.

Erik ne sut quoi répondre. Son esprit lui disait clairement «Tout simplement parce que le Phénix ne se limite qu'a la nation du feu» mais ce n'était pas ça. A ce niveau de danger, il y avait autre chose. Il jeta un coup d'œil a Masao qui restait plongé dans ses pensées. Seul le rythme auquel il avalait les sucreries avaient augmentés. Il s'arrêta net a l'une d'elle.

-Peut-être que Mervall a contacté le Phénix et lui a proposer un arrangement pour éviter son intervention....

-Quel genre d'arrangement? Demanda Taïzô.

-Supposons que le Phénix ait enquêté sur la disparition de mon père. A un moment ou à un autre, ils ont eut une piste les menant a Mervall. Ce dernier les a contacté pour éviter qu'ils n'interviennent.

-Tu ne m'expliques toujours pas le type d'accord....

-C'est pourtant évident. Le Phénix veut éviter que le secret ne se répande en tuant mon père. Mervall veut ce secret. Il les contacte en leur disant qu'il a le secret et mon père. Il leur assure qu'il tuera mon père si ils n'interviennent pas. Bien sur, le Phénix ne peut pas se risquer de tromper l'accord sous peine de voir leur secret divulgué. Et comme ils ne savent pas si Mervall bluff ou non, ils ne font rien.

-Mais ton père est toujours vivant non? Questionna Erik.

-Il l'est. C'est d'ailleurs pour cela que Mervall m'a capturé. En trahissant le Phénix en laissant mon père en vie, il a un moyen de pression sur moi et sur la société. Ainsi, il peut avoir le secret en faisant avouer mon père, et avoir ceci....

Masao sortit le rouleau de sa poche. Erik resta bouché bée. Alors c'était vrai. Mervall comptait vraiment se servir de lui pour avoir quelque chose.

-Je peux?

Le fils du feu lui tendit le parchemin. Erik fit rouler le papier entre ses doigts. Lorsqu'il vit le sceau, son teint vira au pâle.

-C....comment avez-vous pu le récupérer?

-On c'est introduit dans la banque. Masao a établit un plan pour le voler et le remplacer par un faux.

-C'était ce que Mervall voulait en échange de la liberté de mon père.

Erik secoua de la tête. Mervall avait vraiment pensé a tout.

-Un problème?

-Oui. Très gros même. Ce parchemin contient des informations capitales pour le temple de l'air oriental. Si le faux leur parvient avant, il se pourrait que les nomades ne voient plus le jour se lever.

-Rhaaaa! Mais c'est sans solution! On ne peut pas compter sur l'aide de ma nation a cause des attaques, ni sur celle du Phénix. Les pirates ont toutes les cartes en main!

-De toutes les façons, le Phénix ne nous aurait pas aidé. Si le fils de celui qu'ils veulent capturer se présente a leur porte, comment crois-tu qu'ils réagiront?

Silence. Masao réfléchit. De toute évidence, son adversaire avait pensé a tout pour les actions passées. Il était donc plus que probable qu'il ait tout planifié pour l'avenir. Et peut-être même le fait qu'il puisse tout découvrir. Le fils du feu tenta alors de comprendre le plan de Mervall. Quelque chose clochait. Le rouleau ne servirait a rien a Mervall. Ce serait alors quelque chose qui ferait partie du pacte avec le Phénix. «Nous vous donnerons le rouleau et nous tuerons le père de Masao en échange de votre non-intervention et du secret». Cela semblait concorder. Si le contenu du rouleau semblait avoir autant d'importance que le secret, alors les informations devaient effectivement être capitales. Au même titre que le secret lui-même. Mais pourquoi Mervall n'a-t-il pas prit le rouleau lui-même? Peut-être pour se servir encore plus de son père sans avoir a s'exposer. La stratégie ne comportait presque aucune faille. Presque, car il suffisait que l'un des termes du pacte ne s'envole pour que leur «alliance» ne s'effondre. Si le Phénix venait a apprendre que le père de Masao était toujours en vie, alors le Phénix interviendrait. Et il interviendrait pour.....

-Erik! Le traitre, faisait-il parti du Phénix?

La question fut tellement précipitée qu'il fallut un certain temps avant qu'Erik ne réponde:

-Phil? Oui. C'était mon contact. Tu penses qu'il pourrait nous nuire?

-Plus maintenant. Il doit être mort a l'heure qu'il est. Mervall a voulu éviter qu'il ne le trahisse. Mais je pense que c'est trop tard....

-Quoi? Comment ça? Explique toi!, pressa Taïzô

-Imagine que tu es un ex-agent du Phénix. Tu passes du côté de Mervall et connait le moindre de ses projets. Comment réagis-tu si tu apprends que ton employeur veut te tuer?

-J'ébruite son plan...., comprit Erik.

-Tout a fait. Mervall a agit trop tard mais il ne doit pas s'en douter. Si c'est le cas, le Phénix va....

Le père de Taïzô entra en trombe dans la chambre, défonçant la porte d'un grand coup de pied.

-La ville est attaquée! Des hommes de la nation du feu!

Cette entrée fracassante fit rappeler un détail a Masao. Son père avait déjà passé un pacte avec les pirates. Ceci étant, le résultat était le même. Le fait qu'il ne l'ait pas honoré ne servit que de prétexte pour sa capture. Le tout était de comprendre les termes de ce contrat. Surement en rapport avec le fameux secret. Son père devait savoir qu'il était pisté par les agents du Phénix. Il a dû vouloir s'assurer d'une protection suffisante en échange du secret qu'il a finalement été incapable de dire. D'où sa capture.

-Vite, suivez-moi! Ordonna le père de Taïzô.

-Où ça?

-Un tunnel. Je l'ai fait construire pour me prémunir de ce genre de situation.

Erik bondit de son lit, saisit son épée et ses affaires qu'il enfila rapidement.
Tous se mirent a courir en suivant l'architecte. Dehors on pouvait entendre le vacarme et les cris. Un mur se brisa sous l'impact, faisant apparaître trois hommes. Ils étaient en armure de la nation du feu.

-Plus un geste!

-C'est ce qu'on va voir....

D'un bond, Erik atterrit devant les hommes, enfonçant son épée dans le premier soldat.

-Black!

Cependant, il oublia que son compagnon n'était plus là. Le garde sur sa gauche profita de ce moment d'inattention pour envoyer une gerbe de flamme. Aussitôt, Taïzô fit jaillir un mur de terre pour bloquer l'attaque. Puis, il envoya ce mur contre les deux hommes qui se retrouvèrent au sol, agonisant.

-On y va!

Sans prendre le temps de se remettre, Erik se lança a la suite des autres.
Derrière un paravent richement orné, le père de Taïzô libéra un passage avec sa maitrise.

-C'est par ici! Dépêchez-vous!

-Et toi qu'est-ce que tu fais? Demanda Taïzô.

Son père se tourna et plongea son regard dans le sien.

-Je reste. Il faut bien que quelqu'un reste pour corriger les maitres du feu. Et puis, tu connais le chemin. Vous vous débrouillerez bien mieux sans mon aide.

-Non! Viens! Ça ne sert a rien de rester là!

Un craquement horrible retentit suivi par des cris d'hommes.

-On n'a plus de temps a perdre! Si nous voulons leur échapper c'est maintenant! Cria Erik.

Taïzô serra son père dans ses bras:

-Promets moi que tu reviendras. Tu nous trouveras. Ne me laisse pas comme maman.

-Ne t'inquiète pas. Nous nous reverrons.

-Ils sont là!!

Une dizaine d'hommes armés surgirent alors. Masao prit Taïzô par le bras. Ce dernier jeta un dernier regard sur son père qui ferma la porte de pierre. Il ne vit qu'un sourire. Un mélange de joie et de peur. Une minute durant, il resta collé a la paroi. Aucun bruit n'en parvenait.

-Allons-y, fit Masao. Il a fait son choix.

Le fils de la terre les guida a travers le dédale souterrain. L'architecture était naturelle bien que des traces humaines fussent visibles ça et là. L'obscurité était entrecoupée par de torches disposées sur les murs. Erik se saisit de l'une d'elle pour progresser plus avant. Sur le chemin, il y avait plusieurs sacs de provisions, comme si tout avait été prévu a l'avance. Tous se saisirent d'un d'entre eux.
Le silence était total malgré l'agitation perceptible qui régnait en haut. Plusieurs heures de marches après leur départ, ils débouchèrent sur une sortie qui menait dans un champs de blé. La lumière les ébloui. Mais ce n'était pas a cause du soleil. Non. Il faisait nuit. Erik se tourna et contempla un paysage désolé. Toute la ville était en proie aux flammes et au désespoir. Des cris résonnaient jusqu'à leur oreilles malgré la distance. Les soldats du feu les massacraient. Tous sans exception.
Taïzô tomba a genou:

-Ce n'est pas possible....Pourquoi? Pourquoi ont-ils fait ça?

-Probablement pour se venger de la trahison de Merv, répondit calmement Masao. Ils ont surement voulu me tuer.

Depuis la perte de sa mère, Taïzô n'avait eu que son père comme seule famille. Il venait de l'abandonner. Il venait de trahir la seule chose qui lui restait en ce monde.

-Alors, mon père est mort pour te protéger?

-Ne dis pas ça, nous ne....

-Est-ce que c'est vrai?!

Silence. Masao le savait au fond de lui. Il venait de causer la perte d'un être cher a Taïzô. Uniquement pour lui. Pour son propre intérêt.

-En quelques sortes....

-C'est ridicule....Tout ça pour toi? Pour ta petite personne? C'est n'importe quoi....Il doit forcement y avoir autre chose!!

Le sang froid l'avait quitté tout comme sa joie de vivre. Il n'était plus que l'ombre de lui même, condamné a vivre seul.

-Il ne s'agit pas que de moi Taïzô....

-Alors pourquoi chaque personne que tu croises est forcement impliqué dans tes affaires! Hurla-t-il décomposé.

C'était vrai. Erik avait perdu Black par sa faute, le marin était mort par sa faute, sa mère avait risqué de mourir par sa faute, son père aussi, et maintenant Taïzô. C'était une des raison pour laquelle il préférait toujours agir seul. Pour éviter que d'autres ne souffrent a sa place ou pour rattraper ses erreurs.

-Je ne pense pas que te demander ton aide ait été la meilleure des choses a faire final....

Masao n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase. Taïzô l'avait saisi vigoureusement par le col et l'avait plaqué contre un mur de terre qu'il avait fait jaillir.

-Bien sur. Et tu croyais que j'avais le choix? Je suis mercenaire. Je propose mon aide! Si tu m'avais dit dès le début que tu étais poursuivi par une bande de fou furieux, j'aurais reconsidéré l'affaire!

Erik posa une main sur l'épaule du fils de la terre:

-Calme toi. Ça n'arrangera rien de s'énerver.

Comme si il n'avait pas entendu, Taïzô continua de regarder fixement Masao.

-Mais bien sur, pour avoir de l'aide, il suffit de cacher des choses. Et une fois que tu t'es assuré que je ne pouvais plus rien faire, que j'étais au pied du mur, tu déballes ton sac.

-Taïzô, ce n'est pas vrai....

-Non...

Erik regarda alors Masao, le regard vide.

-Il a raison, continua-t-il. Je n'avais pas le choix. Il me fallait de l'aide et je savais pertinemment que personne n'accepterait de m'aider si je leur expliquais tout. Je suis désolé...

-Désolé?, s'exclama Taïzô en renforçant sa poigne, tu crois que des excuses ramèneront mon père?!

-Non. Mais si ça peut te rassurer....

Un bruit violent s'en suivi. Masao était au sol, Taïzô un poing de roche a la main, Erik entre les deux. Le fils du feu toucha sa lèvre et regarda son doigt. Il saignait.

-C'est dommage. Je commençais a t'apprécier sincèrement.

-Ce n'est pas réciproque! Je n'ai jamais aimé ton attitude! Toujours hypocrite! Mais ne crois pas que je vais te laisser désormais. Je dois bien venger mon père a mon tour non?

Sur cette dernière phrase, Taïzô avait affiché un sourire radieux, presque sincère. Puis, il alla monter sa tente et préparer le feu en déclarant:

-On ferait mieux de dormir ici.

Erik déposa son sac et son épée avec un soupir:

-Tu devrais éviter de te le mettre a dos. Sans lui, tu n'aurais pas eu le rouleau.

-De toutes les façons, il ne nous sert plus a rien désormais.

L'homme se tut, s'attendant a une explication mais elle ne vint pas. Il brisa alors le silence pesant:

-Tu sais, j'ai quand même réussi a percer quelques secrets sur toi. Et cette dispute m'a permis d'en apprendre beaucoup sur vous deux.

-Je t'écoute.

Pour la première fois, Masao allait s'interesser a ce que l'on pensait de lui.

-Hé bien, pour ta part, je pense que le fait que tu n'affiches pas tes sentiments ne veut pas dire que tu n'en possèdes pas, mais plutôt que tu les refoules. Ce qui en soit, n'est pas très sain. Bref. Et ce refoulement viendrait du fait que tu ne veuilles pas que ses sentiments affectent ton jugement d'une façon ou d'une autre. Je me trompe?

-Contente toi de m'expliquer je verrais après.

-Très bien. Je pense aussi que tu crois que les sentiments peuvent, en te faisant devenir objectif, te faire souffrir. Ce n'est ni vrai, ni faux. Et qu'ils contribuerait a remplir un vide qui s'est crée en toi. Un vide qui, contrairement a ce que tu prétends, te fais mal.

-Après tout, intervint Masao, c'est quand la vie est vide qu'elle pèse le plus lourd...

Cette remarque arracha un sourire a Erik.

-Tu cherches donc a empêcher ce vide de grossir, faute de pouvoir te l'ôter. En revanche....

-Tu ne saisis pas d'où vient ce vide, acheva Masao.

-Exact.

Le fils du feu baissa les yeux. Encore une fois, c'était vrai. Erik était très impressionnant. Il avait vu clair en lui là où d'autres laissait tomber.

-Mais demande toi ceci jeune homme. Est-ce que tu penses réussir a tenir comme ceci toute ta vie? Ou bien chercheras-tu un moyen de percer l'abcès? A toi de voir.

Et il se leva, rejoignant Taïzô qui préparait le repas. Masao ôta son sac et saisi son journal. Il passerait nuit blanche aujourd'hui. Beaucoup de choses restaient inachevées et cela lui pesait malgré lui.

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