N5) [Mission Internation] Un Agni Kaï est proposé par un de vos amis de la Nation du Feu. Malheureusement, un Papi de l'Air un peu conservatiste n'arrête pas d'insulter votre ami. Vous devez le respect aux anciens, alors calmez-vous et essayez de comprendre pourquoi le vieil homme est si triste et déteste les Enfants du Feu. Il vous demandera un grand service : retrouver la femme de sa vie qu'il n'a plus vue depuis la guerre de la Comète Sozin. (vous devez faire cette mission avec un disciple du Feu)

Aujourd’hui, je sortis de chez moi vers 10h et demi. Une douce brise soufflait sur le village. Les rues étaient calmes, dehors il n’y avait pas grand monde, seulement quatre ou cinq vieilles personnes discutant de tout et de rien et deux enfants qui jouaient, courraient et riaient avec leur air innocent. Je souhaitai méditer un peu plus loin qu’à mon habitude, et ainsi je me dirigeai hors du village en direction des plaines situées derrière la forêt.
Je prenais mon temps pour me déplacer, après tout rien ne pressait. Arrivée à destination, je m’installai sur une branche solide d’un grand chêne et je fermai les yeux, vidant ma tête de toutes idées parasites à ma concentration, laissant le vent remplir mes pensées et me transporter intérieurement. Combien de temps je restai à sentir le vent effleurer ma peau, mes cheveux, mon âme ? Je ne sais pas.

Quand soudain des voix vinrent me tirer de mes rêveries. Bien que je ne voulais pas y prêter attention, elles me déconcentraient puis firent place à d’autres sons. Celui d’un combat ! J’ouvris les yeux de suite, descendis de l’arbre et découvris deux maîtres du feu se battre, se jetant des boules de feu. Il y avait un garçon qui devait être âgé d’environ seize ans, et l’autre combattante était une fille de mon âge environ, peut-être une année de plus.

La rage de vaincre se sentait entre les deux manipulateurs des flammes. Tout de deux ne combattaient pas de la même manière. Le garçon n’avait aucune arme, il lançait parfois maladroitement des boules de feu de tailles diverses. Tandis que son adversaire utilisait un fouet enflammé, très impressionnant. Elle semblait plus vouloir combattre au corps à corps qu’à distance. Elle arrivait même à faire émaner le feu de ses pieds. Elle agissait plus rapidement et avec plus de tactique que son rival ce qui montrait un entraînement plus soigné de la part de cette dernière. En revanche le garçon ne cessait d’attaquer, il devait posséder une superbe endurance. Enfin plus grande que la fille du feu. Et je continuai à observer ce spectacle, hypnotisée par les flammes.

Mais, tout à coup, je sentis une autre présence. C’était sûrement un puissant maître pour avoir dissimulé sa présence aussi longtemps. En l’observant, il me semblait qu’il parlait tout seul. En prêtant plus d’attention à ses paroles, je compris qu’il rabaissait les maîtres des flammes. Au début, il parlait dans sa barbe mais ayant remarqué mon étonnement pour l’agilité au combat des enfants du feu, il déclara à voix haute :

- Saletés de maîtres de feu ! Que font ils encore ici ! Oser se battre si près d’un temple de l’Air, n’ont-ils pas honte ! Après ce qu’ils ont osé faire à notre peuple si paisible !

En fait, il ne rabaissait pas les combattants, il souhaitait juste leur départ … immédiat. Sans vouloir lui manquer de respect, je pense que ses idées sur les autres nations sont de son âge. Il faut être ouvert sur le monde, sauf pendant les guerres évidemment … Et il continua son délire mais cette fois il me convia à ses reproches amers :

- Ah, sales pourritures ! il se tourna vers moi, et toi fille de l’air, qui m’écoute depuis un moment, ne trouves tu pas que ces êtres sont déplorables ?
- Euh, pas vraiment, dis-je en hésitant.
- Ah ? Vraiment ? Dis-moi donc ton nom.
- Juna.
- Eh bien, vois-tu Juna, cela se voit que tu n’as pas vécu à mon époque ! Où un maître du feu à désiré détruire notre nation si paisible !
- Oui, c’est vrai.
- Voilà ! Je n’accepte pas que ces déchets de l’humanité se battent si près de mon espace de vie !

Après ces paroles, il tapa du pied sur le sol. Suite à son mouvement, des ondes vinrent interrompre les maîtres du feu qui se rapprochèrent afin, j’imagine, de régler leur compte avec le vieil homme. Le garçon prit la parole :

- Veuillez arrêter d’insulter notre si noble nation, vieillard.

Le malheureux ! Il venait de rendre l’ancien encore plus irritable, c’est à ce moment que je me rappelai un phrase prononcée dans un conte je crois : « La parole est d’argent mais le silence est d’or. Sois avare de paroles, tu regretteras une fois de t’être tus, tu regretteras 100 fois d’avoir parlé ». La phrase résumait bien la situation. Il aurait mieux de se taire mais à cet instant la fille réagit…

C'était un beau matin lorsque je me rendis dans une forêt proche d'un temple de l'air. Un jeune maître du feu m'y attendait, avec son air fier et prétentieux. Cela s'était passé la veille, alors que je déambulais dans les rues de la capitale ...

FLASH BACK

Je marchais tranquillement sur le sol pavé, sans avoir nul part où aller ... je me promenais simplement, respirant l'air frais du matin. Il était là, ce fils du feu était juste en face de moi et il tonitruait contre une jeune fille apeurée. Curieuse je m'approchai d'eux, lorsque je compris la raison de cette agitation, je ne pu m'empêcher d'intervenir.

- Veux-tu laisser cette petite tranquille ?

- Occupe toi de tes affaires, ceci ne te concernes pas.

- Tu es en train de t'acharner contre une pauvre fillette parce qu'elle a lancé son mouchoir usé par terre ! Lâche là immédiatement.

Il était courbé vers la petite en pleure, mais sur mes derniers mots il se releva pour me faire face, lâchant le bras de la fillette qui s'enfuit en courant. Il était un peu plus grand que moi et en profita pour jouer les êtres supérieurs. Me regardant de haut, il me défia.

- Pour qui te prends-tu pour oser me parler de cette façon ?

- Peu importe qui je suis, mais en aucun cas tu n'as le droit d'agresser de jeunes innocents.

- Tu ne m'as pas l'air innocente, jeune isolante. Je te défis en Agni Kaï, pour t'apprendre à respecter les hommes.

Aah ! En plus d'être arrogant il était misogyne ! Il lui fallait une bonne leçon pour lui remettre les idées en place.

- ... Sauf si tu es trop faible.

Il avait touché dans le mille. S'en prendre à cette fillette, me traiter ainsi, je ne pouvais en supporter davantage. Ma colère piqué à vif, je ne su que lui répondre :

- En aucun cas je ne laisserais quelqu'un de ton espèce me traiter ainsi sans réagir. Je relève ton défit.

- Hum, bien. Tu as du cran pour oser m'affronter, disait-il avec un sourire railleur. Demain, forêt des chênes, celle à côté du temple des Air. C'est un endroit paisible et peu fréquenté. Je pense à toi, car ainsi personne ne verra la correction que je t'infligerai.

Je serrai le poing et grinçai des dents. Si seulement j'avais pu l'attaquer immédiatement ... Mais je su me retenir, et à présent, je me retrouvais dans la forêt de chênes indiqué par ce jeune homme, dont je ne connaissais toujours pas le nom. Il était dans une clairière vaste et dégagée, avec son air hautain et supérieur, il m'attendait. Je m'arrêtai à quelques mètres de lui, lui lançant des regards noirs plein de haine et de colère, ce qui semblait l'amuser. Il ne savait vraiment pas de quoi j'étais capable, me sous-estimer était une grave erreur. Sans un mot, je saisis mon fouet et le fis claquer pour le dérouler, sans paraître impressionné, mon adversaire se mit en position. L'Agni Kaï commença.

Il était habile, je dû reconnaître qu'il avait tout de même un peu d'expérience. Malgré ça j'esquivai ses jets de flammes sans difficultés, et bien que mes attaques étaient puissantes, il parvenait à les éviter. Il fallait que je me concentre, que j'oublie ma colère et que je me focalise sur mon adversaire.
J'allais tenter une attaque directe sans trop de puissance, mais bien placé, lorsqu'une onde de vent vint nous perturber. D'un geste commun nous nous retournâmes, pour voir un vieillard rouspéter à côté d'une jeune fille de l'air. D'après ce que j'entendais, il nous insultait, nous et notre nation. Mon adversaire se dirigea alors furieusement vers lui, je n'eus pas le temps de réagir qu'il était déjà arrivé à sa hauteur.

- Veuillez arrêter d’insulter notre si noble nation, vieillard.

De toute évidence, ce vieil homme avait vécu au temps de la comète Sozin, et durant le massacre qu'avaient commis les nôtres envers son peuple. Il allait riposter violemment, je me dépêchai d'intervenir avant qu'il ne prononce la moindre parole :

- Excusez ce fils du feu honorable maître de l'air, disait-je en m'inclinant. Je comprends votre mécontentement, mais nous sommes ici en paix, et dorénavant vous n'avez plus à nous repousser.

- Balivernes ! Vous êtes tous les mêmes ! Espèces de...

- Taisez vous ! l'interrompit le jeune garçon du feu. Injuriez cette si puissante nation et il vous en coûtera cher ...

Ils commencèrent à se disputer violemment, la jeune fille de l'air se tenait immobile à côté du vieillard, je lui lançai un regard comme quoi il fallait s'interposer, elle me répondit d'un hochement de tête. Nous séparâmes de force les deux hommes vociférant, attrapant le poignet du jeune homme je l'entrainais plus loin.

- Ça suffit ! Après les jeunes filles, les vieillards ! Tu n'arrêteras donc jamais ?

- Tu laisses ce déchet insulter ton peuple sans réagir !? Tu fais honte à la Nation du Feu !! Hors de ma vue !

J'essayai tant bien que mal de lui expliquer les milles et une raisons qu'avait ce vieil homme pour nous haïr, mais il n'écoutait pas. Finalement il partit sans détourner le regard, m'ignorant complètement. Soulagée qu'il soit enfin partit et qu'il n'ai pas décidé d'aller de nouveau provoquer le vieillard, je décidai de retourner près des maîtres de l'air pour excuser son comportement.

La situation s’aggravait, bien que la jeune fille se soit excuser auprès du maître, ce dernier repoussa ses excuses violemment et il n’eu même pas le temps de finir sa phrase que le garçon –qui commençait à faire preuve d’une remarquable insolence- le coupa sur le même ton. Afin que la « conversation » ne dégénère pas la fille du feu me jeta un regard pour me montrer qu’il était temps d’intervenir. Elle prit le garçon par le poignet pour l’emmener un peu plus loin quant à moi, j’essayais de calmer le vieil homme :

- Voyons, Maître, ne soyez pas aussi remonté, balbutiais-je.

- Non, non et non ! Ces personnes ne devraient pas faire vivre dans notre monde !

C’était indéniable, il allait vraiment trop loin. Mais je ne pouvais pas lui dire de se taire, que c’en était assez, je dois le respect à cet homme. Et jamais je n’oserais … Il fallait que je le calme, c’était plus qu’urgent. Alors comme à mon habitude je laissais les mots sortir seuls de ma bouche puisque je ne savais pas quoi lui dire :

- Allons, Maître, la période où la nation du feu dominait le monde est révolue ! Ne soyez pas si fermé envers les autres peuples. Ce n’est pas parce que cet impertinent fait preuve d’une extraordinaire insolence que vous devez entrer dans son jeu. Soyez au dessus de ces comportements désinvoltes.

- Ah, jeune fille, si seulement tu savais les horreurs que nous avons subit … Tu ne serais pas si ouverte aux étrangers, notamment aux maîtres du feu. Si tu avais vécu les mêmes choses que moi, tu saurais. Ils ont quand même anéantit notre peuple ! Si tu avais vu ce que ces mécréants nous ont fait subir … ce qu’ils m’ont fait subir …

En prononçant ces paroles, il semblait perdu dans ses pensées. Le regard dans le vide, sûrement se remémorait-il des passages douloureux de son triste passé. Avec ma curiosité naturelle, je demandai sans réfléchir :

- Qu’avez-vous vécu de si atroce ?

- C’est une longue histoire.

- Je suis toute ouïe.

- Eh bien, c’était à cette époque. J’étais encore un jeune maître de l’air, j’avais sûrement dix ans de plus que toi actuellement. J’étais encore fougueux, à la recherche de nouvelles aventures, de sensations fortes. Rien ne me faisait peur, je croyais encore dans la vie. Jamais je n’abandonnais. J’étais sans doute aussi orgueilleux mais ça n’a pas d’importance.

Et là, il se tut, il fixait toujours le vide pensif. Se remémorer ses souvenirs lui faisait encore trop mal, probablement. Mais il reprit son histoire :

- Et puis comme tous les hommes –enfin je présume-, je suis tombé amoureux. Dès que je fis sa connaissance et je succombais sous son charme. Elle était grande, pleine de vie, si charmante, toujours prête à aider les autres. Un modèle de gentillesse. Elle était également magnifique : ses chevaux châtains tombaient en cascade sur ses épaules. Elle avait des yeux noisettes pétillants. Sa douceur surpassait largement de toutes les autres femmes du pays. Le mieux dans cette histoire c’est qu’elle m’aimait aussi.
Nous avions fait tellement de projets ensembles : se marier, fonder une famille … Et toutes nos idées ont disparus quand les maîtres du feu sont venus afin de détruire notre nation si paisible ! Ils l’ont emmenée pour sa grande connaissance des plantes soignantes et je ne l’ai plus jamais revue… Elle me manque, et depuis ce jour où nous avons été séparés, mon cœur est comme déchiré ….

Son histoire était bouleversante, c’était horrible. La femme de sa vie lui a été enlevée et il ne l’a jamais revue depuis tant d’années. A présent je comprenais sa haine envers la nation du feu. Même si les coupables étaient sûrement morts maintenant … Je ne pouvais plus rien dire, enfin je n’arrivais plus à parler, je voulais m’exprimer mais aucuns sons ne sortaient de ma bouche. C’était frustrant et les seules paroles que je pus articuler furent :

- Je suis désolée …

- Et de quoi ? Ce n’est pas ta faute.

Je ne supportais pas cette tristesse mais la dure vérité était que je ne pouvais rien faire.
La jeune fille du feu était revenue et avait entendu toute l’histoire de ce pauvre homme victime du destin. Elle semblait un peu moins émue que moi mais ça se voyait que cette histoire l’avait touchée. Elle s’avança. Sa réprimande envers le garçon avait fait partir ce dernier, et voulu prendre la parole mais se rétracta et le vieil homme en profita pour dire :

- Juna, jeune fille de l’air, pourrais-tu me rendre le service d’aller retrouver la femme de ma vie ? Elle s’appelle Hikari.

Ses yeux remplient d’espoir m’empêchait de refuser, alors j’acceptais. Il se lança dans d’interminables remerciements mais fut interrompu lorsque la jeune fille du feu s’approcha de nous, et prit la parole.

L'histoire de ce maître de l'air me toucha sincèrement, il avait vraiment souffert à cause de ma nation ... Je me sentais mal, je devais faire quelque chose pour l'aider. Lorsqu'il demanda à la fille de l'air de retrouver sa femme, je ne pu m'empêcher d'intervenir :

- Honorables maîtres de l'air, disais-je en m'inclinant, veuillez m'excuser mais j'ai écouté votre conversation ... Et je sais que de simples excuses ne suffiraient pas pour que vous pardonniez à ma nation ses terribles pêchés.

L'enthousiasma du vieil homme s'était soudain transformé. Le visage sérieux, les sourcils froncés, il me regardait attentivement, attendant la suite.

- C'est pourquoi j'aimerais la racheter, en partant à la recherche de votre femme disparue.

Il demeura silencieux quelques secondes, me dévisageant. Il finit par abaisser le regard, commença à détourner les talons, puis me dit, de dos :

- Fais comme bon te semble.

Et il partit, nous laissant seules. Nous restâmes silencieuses en le regardant s'éloigner, une fois hors de vue, je me retournai vers la fille et lui dit en souriant :

- Au fait, je m'appelle Lenalee.

- Moi c'est Juna.

Et nous partîmes dans la direction opposée du maître de l'air. Rapidement nous sortîmes du bois, là Juna engagea la conversation. Elle voulait savoir ce que je faisais dans ce bois, à me battre contre un autre fils du feu. Je lui racontai alors les raisons qui nous avaient poussé à combattre, et dans quelles circonstances j'avais réussi à le faire partir. Elle semblait étonnée par cette hostilité qui pouvait régner au sain de la nation du feu. Il était fréquent que des Agni Kaï aient lieu entre deux maîtres en désaccord, ce qui n'arrivait jamais chez les maîtres de l'air. Ils étaient tous unis et il n'y avait entre eux qu'amitié et complicité. C'était un aspect qui me plaisait beaucoup chez les nomades de l'air, quelque chose que je n'avais malheureusement jamais connu.

Nous parlions de choses et d'autres, marchant sans savoir vraiment où aller, nous discutions simplement. Par beaucoup d'aspect nous étions différentes, nous n'avions de toute évidence pas vécu les mêmes choses et nos deux nations étaient en quelque sorte opposées. Malgré ça Juna me paraissait vraiment gentille et très vite notre discussion prit une autre allure. Nous rigolions ensemble pour des choses vraiment absurdes, mais c'était vraiment apaisant de trouver quelqu'un qui a la même façon de penser, et malgré nos culture différente, par plusieurs fois nous nous décrivions le même point de vue sur le monde.

Le temps passait et nous discutions toujours, jusqu'à ce que Juna s'arrête soudainement, avant de déclarer :

- Où sommes nous ?

Nous avions marché sûrement plusieurs heures sans faire attention à notre destination, et maintenant nous nous retrouvions sur un sentier désert, avec aucun signe de vie aux alentours. Nous regardions autour de nous, tentant d'apercevoir un point de repère nous remettant sur la voix, mais cela semblait voué d'avance. Le soleil, lui descendait dangereusement sous l'horizon, il allait bientôt disparaître. Je finis par remarquer une fine fumée vers l'ouest, certainement un village ... J'osais l'espérer. Je pointai la fumée presque transparente du doigt et annonçai à Juna :

- Là bas, nous aurions sûrement de quoi passer la nuit. Nous commencerons nos recherche demain.

Elle acquiesça d'un signe de tête. La trace sombre du feu disparaissait déjà dans le crépuscule. Nous pressâmes le pas.

La première fois que j’avais vu Lenalee - durant son combat - je ne pensais pas que j’aurais autant de points communs avec elle, c’était impressionnant. Pendant notre conversation, quand nous fûmes sortis du bois, je réalisais que malgré nos expériences, nos cultures, nos nations si opposées, nous avions sur la plupart des sujets le même point de vue.
Je fus très surprise quand elle me raconta que les combats entre maîtres du feu en désaccord étaient fréquents. Alors que les nomades étaient toujours si soudés, je réalisais à quel point que le caractère des gens était différent selon la nation à laquelle ils appartenaient.
Nous continuâmes à parler, et quand nous arrivâmes dans un lieu désert, dépourvu de toute vie. Je m’arrêtai et dis :

-Où sommes-nous ?

Aucune de nous deux n’avaient idée de notre position. Nous tentions de trouver un signe de vie quelque part, mais rien. En plus de cela, le soleil commençait à se coucher et l’idée de passer la nuit dans ce lieu à l’écart de toute civilisation me fit frémir. Mais Lenalee pointa du doigt une fumée presque imperceptible et suggéra d’aller passer la nuit à cet endroit. J’acquiesçais.

Après dix minutes de marches, nous découvrîmes le lieu d’où provenait la fumée. Il s’agissait d’un petit village. Je compris que nous étions arrivées dans la nation du feu à l’emblème de celle-ci posée aux portes du village. Pourtant, mon accompagnatrice ne semblait pas connaître les lieux. Ce qui était compréhensible car la cité n’était vraiment pas imposante et seuls des natifs de ce village pouvait en connaître l’existence. On y trouvait à peine quinze maisons et quelques commerces. Je croisais les doigts pour qu’on trouve une auberge où passer la nuit. Par chance il y en avait une, et malgré l’heure tardive de notre arrivée, il restait une chambre pour nous. Bien sûr ce n’était pas le grand luxe mais c’était assez confortable. Et après notre si longue marche, nous étions tellement fatiguées que nous tombions dans les bras de Morphée quelques instants après que nous nous soyons mises au lit.

Nous nous réveillâmes vers sept heures. Il était temps de commencer les recherches. Et ainsi nous nous préparâmes le plus rapidement possible. Une demie heure plus tard nous commencions par interroger les quelques villageois qu’on pouvait rencontrer à cette heure si matinale. Après deux heures d’interrogations de tous les habitants, nous partîmes vers un autre village qui semblait faire le quadruple du précédent et où il y avait une véritable agitation.
Nous décidâmes de nous séparer et de nous retrouver dans une heure en dessous du clocher qui se trouvait au centre de la ville. Nous devions, chacune de notre côté, interroger le maximum de personnes pour savoir s’ils connaissaient une vieille dame, du nom d’Hikari qui avait une véritable connaissance des herbes médicinales. J’interrogeais en priorité des personnes d’un âge avancé. Je croisai beaucoup de personnes leur demandant à chaque fois :

-Bonjour, excusez-moi de vous déranger, mais connaissez-vous une femme nommée Hikari qui possède de nombreuses connaissances en herbes soignantes ?

Et la réponse était chaque fois la même :

-Hm, Hikari dis-tu ? Ce n’est pas un prénom courant. Non, désolé petite, je ne peux rien pour toi.

Allant des commerçants aux promeneurs, il fallait croire que cette Hikari n’était pas connue de toute la nation du feu. J’avais déjà fait toute la partie Ouest de la ville et toujours rien, quand l’heure de retrouver Lenalee arriva. Sur mon visage on pouvait lire un air de déception totale. Quant à elle, elle semblait avoir des étoiles dans les yeux et me dit :

-Juna, tu ne devineras jamais !

Je courais dans les rues de la ville du feu. C'était l'heure de retrouver Juna sous le clocher, je ne voulais pas la faire attendre, surtout après l'information que j'avais recueillie. Courant à toute allure, je m'approchais du point de rendez vous. Lorsque j'arrivai, Juna était là avec un air désabusé et frustré. Sûrement n'avait elle rien trouvé de son côté, mais peu importait car j'avais de quoi la faire sauter de joie. Une fois arrivé à sa hauteur, je l'assaillis, et lui annonçai d'une voix bouillonnante d'excitation :

- Juna ! Tu ne devineras jamais !

Elle me regarda avec de gros yeux et un air surpris, avant d'attendre impatiemment que je lui raconte mes découvertes. Tout en tentant de me calmer, je lui dis en abaissant la voix :

- J'ai parlé à un commerçant, un vendeur de thé pour être exacte, il m'a dit qu'il connaissait Hikari et qu'il nous donnerait des informations sur elle, mais il n'a pas voulu m'en dire plus. Il souhaiterait en parler ce soir, après la fermeture.

Le regard de Juna s'illumina, et un sourire lui apparut aux coins des lèvres. Nous devions à présent attendre la fin de soirée pour retrouver le vendeur.

La soirée s'écoula plutôt vite, vers vingt deux heures nous nous dirigions vers la boutique, il y avait encore de la lumière à l'intérieur, nous entrâmes, peu clients étaient encore présents. Patiemment nous nous installâmes à une table, et attendions. Au fur et à mesure que le temps passait ils partaient, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus aucun. Le vendeur sortit alors de derrière son comptoir et s'avança jusqu'à nous avec deux tasses de thé. Il s'installa avec nous, Juna assise en face de moi glissa sur le banc pour lui faire de la place. Il disposa devant chacune de nous une tasse, et la première chose qu'il dit fut :

- Buvez.

Surprises, nous inhalâmes d'abord la boisson chaude qui ne paraissait pas suspecte. J'en pris alors une grande gorgée. Dès que les premières gouttes attinrent mes pupilles gustatives, je réprimai une grimace : ce thé manquait affreusement de gout et était vraiment fade. C'était de juste l'eau chaude dans laquelle trempait des feuilles à l'apparence mortes, avec un arrière gout de menthe pas fraîche. Je reposai la tasse sur la table et Juna en fit autant, avec sûrement la même opinion que moi. Nous relevâmes la tête vers le commerçant qui de toute évidence s'attendait à voir nos mines si déconfites. Il s'expliqua alors :

- Ce thé est répugnant n'est-ce pas ? Il n'en a pas toujours été ainsi, il fut un temps où il était le meilleur de toute la ville, et tout le monde venait pour se l'arracher. Depuis les seuls clients qui me restent sont des amis qui demeurent fidèles, où de simples voyageurs qui sont attirés par les prix que je suis obligé de faire extremement bas. Tout cela à cause de la disparition de mon ingrédient secret ...

Nous échangeâmes un regard, puis Juna prit la parole

- Qu'est-il arrivé à votre "ingrédient secret" ?

Il laissa un blanc angoissant avant de répondre :

- Je sais que vous êtes ici pour que je vous donne des informations sur une certaine Hikari, et j'en ai, je sais où elle réside, elle a travaillé pour moi. C'était elle, mon "ingrédient secret". Je ne sais pas par quel moyen, mais son thé avait une goût léger et voluptueux, exquis à vous faire tomber. Mais elle est partie, et depuis mon thé à perdu toute sa valeur.

- Et ... Qu'attendez vous de nous ?

- Je sais très bien qu'Hikari ne reviendra pas, surtout qu'elle est loin maintenant. C'est pourquoi il me faut trouver un autre moyen de faire revenir mes clients. J'ai un concurrent de l'autre côté de la ville, lui a un secret, et je souhaiterais que vous vous en appropriez par tout les moyens possibles, puis que vous me le délivriez.

Nous restâmes quelques instants confuses, échangeant un regard interrogateur. Il voulait se servir de nous pour l'emporter sur la concurrence ... mais si c'était le seul moyen de trouver Hikari, il fallait tenter notre chance. Je me levai

- Bien, nous trouverons un moyen de rendre votre thé meilleur, et vous, nous direz où se trouve Hikari.

- C'est entendu, dit il en se levant à son tour.

Nous quittâmes le salon de thé et nous en retournâmes trouver une auberge où passer la nuit.

Une fois dans notre chambre – à l’auberge- je m’affalais sur mon lit, épuisée par cette journée de recherches bien que ce soit Lenalee qui ait trouvé des informations. Mais cette idée de voler la recette de son concurrent ne me plaisait guère. Pourquoi ne pas aller incendier son salon de thé pendant qu’on y était. Non, il fallait faire autre chose. Si c’était Hikari son ingrédient secret, il lui fallait seulement un autre ingrédient secret. Mais comment ? L’heure trop tardive m’empêchait d’exposer mon idée à Lenalee qui était tombée dans les bras de Morphée depuis déjà un bon moment. Trop impatiente de parler à mon amie de mon idée, je ne trouvais le sommeil. Je pensais bien qu’elle avait la même opinion que moi sur ce point vu la façon dont elle avait tourné sa phrase : Bien, nous trouverons un moyen de rendre votre thé meilleur, et vous nous direz où se trouve Hikari.
J’espérais seulement que le vendeur soit compréhensif car je ne pourrais pas me résoudre à voler pour obtenir des informations sur une femme. On devait tout de même rester dans l’honneur !

Quand mon amie me réveilla vers dix heures du matin, je ne me sentais pas très bien. J’avais dû dormir environ quatre heures à cause de mes réflexions. Mais je dus me résoudre à me préparer. Soudain je me rappelai mon idée et dis à Lenalee :

- Penses-tu que voler la recette est vraiment la bonne solution ?

Elle reste silencieuse un moment puis décréta :

- C’est vrai que ce n’est pas la meilleure solution, mais que veux-tu faire d’autre pour l’aider ?

- Trouver une autre recette encore meilleure ! De toute manière si c’est la même, les villageois le traiteront de voleur.

- Bien vu, mais as-tu de l’expérience dans les recettes de thé ?

Là était le problème, je n’avais aucune idée sur la façon de créer un thé. Je ne connaissais rien aux infusions, aux arômes d’ailleurs je n’appréciais que très moyennement cette boisson.
Lenalee comprit que j’ignorais tout de ce qui concernait le thé mais je me précipitais de dire :

- Mais qui ne tente rien, n’a rien !

- Tu marques un point.

Suite à ma « victoire », j’affichais un petit sourire et nous nous dirigeâmes sans hâte chez l’homme du salon de thé. En chemin, nous passâmes devant la boutique du concurrent et nous constations qu’il y avait beaucoup plus de clients, qu’elle était en meilleure état et plus attrayante que l’autre ce que l’obscurité de la soirée d’hier nous avait empêché de constater. Quand nous fûmes arrivées devant le salon de thé qui ne possédait pas de recette miracle, nous eûmes de la peine pour ce pauvre magasin semblant vidé de toute clientèle.

Au moment où l’homme nous perçu, il nous sauta pratiquement dessus en s’exclamant :

- Alors vous avez un plan ?

- Eh bien, à vrai dire nous avons une autre idée, répondis-je.

- Plaît-il ? dit l’homme presque choqué.

- Au lieu de voler la recette de votre concurrent, nous vous proposons d’imaginer votre propre recette. Ainsi, vous aurez tous les mérites d’avoir conçu votre recette vous-même et personne ne pourra vous traiter de voleur.

L’homme se gratta la tête et acquiesça. De toute manière il n’avait pas le choix, mais il demanda :

- Avez-vous de l’expérience dans l’art du thé ?

Je m’étais attendue à cette question mais la réponse que j’avais donnée à Lenalee ne lui suffirait pas alors cette dernière glissa :

- Vous savez, je suis une fille du feu, je m’y connais un peu.

- Savez-vous que l’élaboration d’une recette nécessite plus qu’un peu de connaissance ? Mais bon, qu’il en soit ainsi.

L’homme nous donna un livre avec toutes les herbes qui font l’arôme des thés qu’on peut trouver. Je devais reconnaître que l’ouvrage était assez imposant et nous ne pourrions pas trouver tous les plantes mais par chance l’homme avait plusieurs sortes d’herbe déjà, et il nous avoua qu’il cultivait lui-même des herbes. De cette manière nous pouvions commencer la recherche de quelques plantes et l’élaboration de notre recette.

La boutique était fermée aujourd'hui, nous avions demandé au vendeur qui accepta seulement après maintes négociations. J'étais appuyée sur le comptoir et feuilletais les pages de l'énorme livre qu'il nous avait fournit. Toutes ces recettes étaient simples à réaliser et de toute évidence elle était connue par tout le monde. Le problème était de rendre son thé original, un thé banal n'intéresserait pas grand monde. Je continuais à feuilleter les pages sans même m'arrêter sur ce qu'il y avait marqué, j'étais plongée dans mes pensées et ne faisait plus attention à ce qui défilait sous mes yeux. Juna examinait les plantes que l'homme possédait, puis elle vint vers moi et me confia :

- Lenalee, ces plantes ne paraissent pas en bon état. Il est impossible de faire un thé digne de ce nom avec des feuilles pareilles.

Je la regardai les sourcils froncés, puis m'avançai vers les plantes. Elles parraissaient effectivement toutes en sale état, la terre était sèche et d'un marron gris sale, les plantes avaient une couleur verdâtre inquiétante. Sans réfléchir plus longtemps, je saisis les vieux bacs dans lesquels les plantes poussaient, puis je me dirigea dans l'arrière boutique et jetai tout dans un espace vert. Le vendeur vient alors à moi et m'agressa

- Mais vous êtes folle ?? Comment comptez vous faire du thé sans plante ??

- Écoutez, vos plantes sont ignobles, jamais vous n'arriverez à créer du bon thé avec ça.

Le vendeur me fixait, ébahit, il s'en retourna d'un air exaspéré en levant les bras au ciel. Je me tournai vers Juna

- Je crois que des achats s'imposent.

Elle acquiesça d'un signe de tête, avant de dire :

- Le thé n'est pas le seul problème, occupe toi des achats je m'occupe de restaurer ce salon.

Je sortis donc de la boutique et commençai mes achats.
Une petite heure plus tard je revins avec tous le nécessaire pour former de nouvelles cultures. La boutique, elle avait complètement changé d'apparence. La poussière avait été bannie et les meubles avaient retrouvé leur couleur d'origine. Impressionnée je me dirigeai vers Juna

- Et bien, comment as-tu réussis un tel miracle ?

Amusée elle me pointa un tas de poussière du doigt, en un coup de vent elle le fit tourner sur lui même dans une minuscule tornade et le dirigea vers la poubelle la plus proche. Admirative je ne su que sourire, sourire qu'elle me rendit.
Nous nous mîmes ensuite aux plantes, pendant que Juna enterrait des graines et replantais des tiges déjà fleuries, je faisais chauffer de l'eau. Quelques minutes plus tard, trois tasses fumaient, attendant d'être dégustées. L'homme s'approcha de nous, avec un air d'appréhension. Il saisis une tasse, l'humecta rapidement avant de la boire pleine gorgée. Il demeura silencieux, puis leva la tête vers nous

- Ce thé est certes bon, il n'est pas exceptionnel.

Dans un gros soupir je me retournai vers Juna qui avait le même air désespéré que moi.

- Bon, on a rendu votre thé meilleur, c'était l'accord non ? Maintenant à vous de nous donner ce que l'on est venu chercher.

- L'accord, était de me fournir un ingrédient secret, l'ingrédient secret de mon concurrent.

- Nous ne volerons pas un honnête marchant de thé pour pourvoir à vos envies.

L'homme soupira longuement. Certes son thé n'était pas original ni unique, mais il était maintenant buvable. Il finit par déclarer :

- Bien, je me dois de tout de même récompenser vos services. Venez avec moi.

Il nous entraina dans l'arrière boutique, et là nous révéla tout ce dont on avait besoin de savoir au sujet d'Hikari.

Quand l’homme nous entraîna dans l’arrière boutique, j’étais plus qu’impatiente qu’il nous délivre les informations tant attendues sur cette Hikari. J’avais tellement hâte de tout savoir sur cette femme que les secondes me semblaient durer des heures entières. Lorsqu’enfin il se décida à prendre la parole :

- Alors que voulez-vous savoir, exactement ?

- Nous voulons juste savoir où elle se trouve.

- Dans une ville plutôt calme au Nord Ouest, c’est à une cinquantaine de kilomètres d’ici. Pour s’y rendre il suffit de prendre la grande route à la sortir de la cité.

- Merci beaucoup, pour ses précieuses informations, dis-je en guise de réponse.

Puis nous sortîmes du salon de thé après avoir remercier une énième fois l’homme pour les données sur Hikari. Nous décidâmes de nous mettre en route le lendemain. Il fallait qu’on prenne des forces pour la journée de marche qui nous attendait et qui promettait d’être très longue.
Le matin, nous nous réveillâmes au aurore afin d’arriver avant la tombée de la nuit car nous avions bien à peu près neuf heures de route à faire. Quand nous sortîmes de la ville, nous n’avions croisé personne. Les rues étaient désertes à cette heure-ci. Durant les dix premiers kilomètres, la route demeurait déserte. Nous restâmes silencieuse un certain temps. De mon côté je réfléchissais à la manière dont nous allions pouvoir « aborder » Hikari, la façon la plus polie de préférence. Mais Lenalee me coupa dans mes réflexions lorsqu’elle proposa de faire une petite pause de cinq minutes.

Pendant le début du trajet elle avait réfléchit à la même chose que moi et lorsque nous nous reprîmes la route, nous partagions nos idées afin de trouver la meilleure solution concernant notre rencontre avec Hikari. Nous ne devions ni la brusquer, ni être trop impolies. Il fallait également espérer qu’elle n’ait refait sa vie avec un autre homme car l’annoncer au maître serait sans doute terrible.
Au bout de quelques heures, notre démarche était fin prête. Nous devions trouver cette Hikari, lui demander de nous faire partager ses connaissances sur les herbes, ensuite lui demander si elle avait vécu dans une autre nation, enchaîné de façon intelligente pour qu’elle accepte de nous suivre chez les nomades pour retrouver l’homme de sa vie.
A présent, nous étions proches du village, près du but, enfin. Il nous fallait encore traverser une forêt et nous serions arrivés. C’était une forêt qui paraissait plutôt tranquille mais elle ne me disait rien de bon, j’avais un mauvais pressentiment. Je préférais ne rien dire à Lenalee et voir ce qu’il se passerait ensuite.
Nous avancions progressivement dans la forêt, sans encombre. Les sentiers n’étaient pas difficiles et assez plats. Quand nous vîmes la sortie de la forêt je ne pus m’empêcher de me dire que je m’étais encore inquiéter pour rien mais une voix nous interpella :

- Eh vous ! Que faites-vous ici ? Vous êtes perdues ?!

Surprises, nous décidions de continuer notre chemin et d’ignorer la voix. Nous sortîmes de la forêt et trouvâmes une grande place avec l’entrée du village. Nous découvrîmes également l’emblème de la nation du feu, déchiré, au sol. Mais un garçon vînt nous faire face et dit avec insolence :


- Mais, dîtes donc, ce n’est pas très poli d’ignorer les gens qui vous parlent.

- Et alors ? répondit sèchement Lenalee qui devait être irritée par le ton du garçon.

- Et alors ? répéta-t-il, ce ne sont pas des manières. En plus vous n’êtes pas les bienvenues chez nous. Vous avez fait assez de dégâts comme ça.

- Plaît-il ? m’exclamais-je.

- Oui, la nation du feu nous a bien assez embêtés comme ça ! Partez maintenant !

- C’est faux, riposta Lenalee, la nation du feu n’a rien fait !

- Tu dis parce que tu en fais partie espèce d’ingrate !

C’en était trop pour Lenalee, alors elle entra dans une colère noire et sortit son fouet qu’elle enflamma et fit claquer. La rage pouvait se lire dans ses yeux et ajouta :

- Si tu as un problème, on va le résoudre.

Je ne savais pas ce qu'avais ce jeune homme pour m'agresser si facilement, mais les personnes m'ayant insulté sans raison valable l'avaient toutes payé, d'une façon ou d'une autre. Je dégainai mon fouet, le garçon saisis deux katanas et pointa l'un d'eux vers moi.

- Ta nation ne fait que causer pertes et destructions partout où elle passe, elle doit payer pour tous ses crimes !

- Et qui es-tu pour oser traiter ma nation ainsi ?

- Celui qui causera ta perte.

Il m'avait poussé à bout, aussitôt je pris mon élan et fis claquer mon fouet dans sa direction, mais il l'esquiva d'une roulade sur le côté, il se releva aussi vite et s'apprêta à attaquer. Juna se tenait à l'écart et se retenait d'intervenir. Sûrement hésitait-elle quant à sa façon de réagir, mais ce combat ne concernait que lui et moi, elle faisait bien de ne pas en prendre partie.

Je dû reconnaître qu'il était agile, il esquivait sans difficulté chacune de mes attaques. J'élançai mon Vulco Manis vers son thorax, mais il para celui ci en croisant ses deux sabres et tenta de trancher mon fouet par la même occasion. Mais ses katanas glissèrent dessus dans un crissement aigüe, et des étincelles en jaillirent. Je profitai de son étonnement face à une corde si solide pour la faire repartir de plus belle, touchant ses pieds. Il tomba à terre. Je me précipita sur lui pour l'immobiliser mais il se releva, puis s'éloigna de moi en clopinant. Son pied droit était bien touché, je baissai ma garde et m'avança vers lui :

- Bon écoute, je ne sais pas ce que tu as contre moi mais la violence ne sert à rien, arrête toi tu vas te faire mal.

- Jamais !

Soudain il se mit à crier à l'aide, émergèrent des arbres une demi-douzaine de personnes toutes armées, avec des arcs, des sabres, épées ou encore poignards. Juna vint rapidement me rejoindre au centre du cercle qu'ils formaient autour de nous, et saisit son arc qui ne l'avait pas quitté depuis le début du voyage. Tous restaient immobiles, comme attendant un ordre d'assaut. Titubant, le jeune homme du début s'avança vers nous :

- Ne te mêle pas à ça, disait-il à l'adresse de Juna. Ceci ne te regarde pas.

- Prends t'en à mon amie et tu auras à faire à moi, déclarait-elle tout en munissant son arc.

Il la dévisagea de longues secondes avant de reculer. Tous ses coéquipiers nous bombardèrent alors de projectiles en tout genre, Juna et moi formèrent autour de nous, en parfaite synchronisation, un rideau de feu et d'air, nous protégeant. Petit à petit nous augmentions le rayon de notre boule ce qui obligea nos opposants à reculer. Notre protection céda, sans plus attendre Juna brandit son arc et envoya une flèche dans la jambe d'un autre archer, l'immobilisant au sol. Elle enchaina, envoyant trois flèches d'affilée vers une jeune femme possédant une épée. Positionnant celle-ci devant ses yeux, elle arrêta les flèches qui virent se planter raides dans le sol. Juna se précipita sur son opposante.

De mon côté, j'affrontais trois personnes en même temps. J'envoyais sans répit des jets et boules enflammés, tantôt avec mon fouet, tantôt à mains nues. Mais je n'arrivais pas à leur infliger de dégâts durables, c'est alors qu'un de mes trois adversaires s'élança vers moi, pointant son épée vers mon cœur. Je l'évitai de justesse en me penchant sur le côté. Habilement j'enroulai mon fouet autour de ses chevilles et le fit tomber à terre. Une flèche arriva soudain au niveau de mes mains et me blessa, me contraignant à lâcher mon arme. L'archer qui avait tirer dégaina une autre flèche mais il n'eut pas le temps de la tirer qu'une bourrasque de vent vint le déséquilibrer, il se trouva alors face à Juna qui avait réussit à maitriser son opposante. Je me retourna, et sursauta lorsque je vis les trois hommes s'avancer rapidement vers moi. Prenant une grande inspiration, je me concentrai sur mon Chi avant de faire sortir de mes mains deux énormes flammes qui se rabattirent sur mes assaillants. L'un d'eux fut propulser plusieurs mètres en arrière et retomba sur le dos, un autre évita mon attaque tandis que le dernier, au cœur du brasier, fut simplement anéantit.

Lorsque mes flammes cessèrent, j'entendis un hurlement derrière moi, je me retournai aussitôt et vis Juna au sol, grimaçant de douleur en se maintenant la jambe. une flèche était plantée dans son mollet, à côté d'elle gisait un corps transpercé d'une flèche dans le cœur. Dès que j'eus vision d'horreur, Juna blessée, à terre, une violente haine s'empara de moi et l'homme restant fut calciner par un déluge de feu, je me précipitai alors au côté de Juna. Tout le monde avait été vaincu, il n'y avait apparemment plus de danger, mais Juna était gravement touchée. Restant le plus calme possible, je m'approcha doucement d'elle.

- Juna ça ... ça va ?

Je retins une grimace en pensant à l'absurdité de la question que je venais de poser. Elle me répondit dans un gémissement.

- La flèche ... elle est ... empoisonnée.

Lorsqu'elle prononça ce dernier mot, mes yeux s'écarquillèrent et instinctivement, je saisis la flèche plantée dans sa jambe et tira d'un coup sec. Elle émit un autre cri de douleur.

- Je suis désolée, mais il fallait l'enlever.

Heureusement la flèche était partie entière, mais la blessure était profonde. J'enroulai un bout de tissus autour de son mollet en serrant fermement, pris Juna par la taille et l'emportai loin de ce champs de bataille. Rapidement nous pénétrâmes dans le village que nous recherchions, aussitôt je demandai de l'aide à un passant.

- Excusez moi, avez vous un guérisseur dans ce village ? Où habiterait-il ?

- Ah oui nous en avons une, tenez, suivez moi.

Il nous entraina à travers les ruelles, Juna sautillait maladroitement et je commençai à peiner à la soutenir. Quand enfin nous arrivâmes, le passant appela en toquant à une porte.

- Madame Hikari ? On vous demande.

Lorsqu'il prononça ce nom j'étais tellement inquiète pour mon amie que je ne réalisai même pas, c'est elle qui leva la tête et me regarda, surprise. Une vielle dame vint nous ouvrir, et quand je vis son air peu commun aux maîtres du feu, je réalisais que c'était elle. Les cheveux d'un châtain vieillit, des rides aux coins de ses grands yeux noisettes, et un visage fripé, elle nous fit entrer.

Ma jambe empoisonnée me faisait souffrir horriblement. Je faisais des petits bons malhabiles afin de me déplacer mais je sentais que je devenais un poids pour Lenalee et je ne faisais pas attention à grand-chose. Soudain, l’homme qui nous conduisait chez le guérisseur toqua à une porte et dit :

- Madame Hikari ? On vous demande.

Hikari. Il avait dit Hikari. Ce nom résonna dans ma tête. Puis, une vieille dame ouvrit la porte. C’était elle. J’en étais sûre est certaine. La femme qu’on recherchait. Mais la douleur revint rapidement occuper mes pensées. Elle était tellement vive que bientôt je n’entendais plus ce qu’on me disait .Je me tordais de douleur et ne discernai plus rien, tout était devenu noir et je sombrais peu à peu dans l’inconscience. Je pensais que j’allais mourir et les mots qui résonnaient dans ma temps pendant ces instants qui semblaient interminables étaient : Survivre … Hikari … puis soudain la douleur disparue, mes gesticulations s’arrêtèrent, je me sentis apaisée mais je me sentais incroyablement fatiguée puis plus rien ne traversa mon esprit.
Plus tard, j’ouvris les yeux et je ne rappelais plus grand-chose. J’entendis des voix discuter plus loin mais ne comprenais pas ce qu’elles racontaient. Je me redressais et quelqu’un s’approcha vivement du lit où je reposais et dit :

- Juna ? Juna, ça va ?

C’était Lenalee qui d’après son regard d’habitude si calme était morte d’inquiétude. Je lui répondis calmement que j’allais parfaitement bien et sur mes paroles elle poussa un soupir soulagement. J’avais dû lui causé une vraie frayeur pour qu’elle soit dans cet état.
Plus loin, une femme nous regardait. Elle était plutôt vieille et semblait paisible. Je chuchotais à Lenalee :

- Qui est cette femme ?

A cet instant, elle fit un grand sourire dévoilant ses dents parfaitement blanches et me répondis :

- C’est la femme qui t’a sauvée. C’est Hikari.

Quand elle prononça ce nom tous mes souvenirs me revinrent en quelques secondes. La mission, le voyage, le combat, la blessure et la guérisseuse. Mon amie devina ce que je pensais et répondit à ma question avant même que je puisse la poser :

- Elle se souvient de tout, elle est prête à nous suivre.

- Plaît-il ? Elle a accepté comme ça ? dis-je presque choquée.

- Non, je lui ai raconté l’histoire du maître, je n’ai pas eu besoin de lui en dire plus pour qu’elle accepte.

Je souris à la nouvelle et jetai un œil sur la vielle femme. Elle était sans doute perdue dans ses souvenirs et pensait à sa retrouvaille avec l’homme de sa vie qu’elle n’avait pas vu depuis plus d’un demi-siècle. Je la comprenais sans savoir vraiment ce qu’elle ressentait. Puis je lançai assez fort pour que toutes les personnes concernées m’entendent :

- Quand allons-nous partir ?

- Demain, afin que tu récupères de ta blessure, répondit de suite Hikari avec un large sourire.

Elle semblait vraiment impatiente. L’excitation brillait plus que jamais dans ses yeux noisettes.

Le lendemain arriva assez vite, dès l'aube Hikari vint nous réveiller, nous éjectant presque de nos lits. A peine débout je commençais à rassembler nos affaires, tandis qu'Hikari examinait le mollet de Juna. Celle ci grimaçait lorsque la vieille femme touchait à sa jambe. Cependant la guérisseuse n'avait pas l'air inquiète.

- Ta jambe à l'air d'aller mieux. Peux être clopineras-tu un peu au début, mais elle guérira vite.

Elle lui souriait. Juna lui rendit ce sourire, confiante. Nos affaires préparées, Hikari revint dans la chambre et donna à Juna un battons d'aubépine qui lui ferait office de canne. Elle régla quelques dernières affaires concernant son départ et nous commençâmes à quitter le village. C'était impressionnant le nombre de personnes réunies afin de nous souhaiter bonne route, cette femme était très apprécié de tout le village et pour qu'elle le quitte ainsi, son époux devait terriblement lui manquer.

Les premiers kilomètres se firent lentement, bien que Juna allait mieux, son mollet était toujours blessé et elle boitait, nous ralentissant considérablement. Cependant le voyage se fit dans la bonne humeur, nous en apprîmes beaucoup sur Hikari, les raisons de sa vie dans la nation du feu, tous les métiers qu'elle avait eut, les personnes qu'elle avait rencontré ... Elle avait une vie remplie de rebondissements, et si elle avait accepté si facilement notre offre, c'était en partie pour espérer trouver du calme chez les nomades et auprès de son mari, pour se reposer.
Nous approchions grandement du temple de l'air que nous avions quitté quelques jours plus tôt, Juna se rétablissait correctement, elle ne boitait presque plus. Ça me faisait réellement plaisir de la voir se remettre si vite.

Ce fut en début de soirée d'une douce journée que nous parvînmes à destination. Le ciel prenait une teinte rosée et le soleil déclinait sous l'horizon lorsque nous approchions ne l'entrée du domaine. C'est alors qu'une silhouette courbée s'avança vers nous. Se dessina le visage intrigué du maître de l'air qui s'approcha prudemment de nous, Hikari demeurait immobile.

- Hikari ... Ça ne peut pas être toi ?

Des larmes brillaient dans les yeux du couple ému, Juna et moi nous retirions discrètement, les laissant seuls.
Quelques minutes s'en suivirent, lorsqu'ils s'approchèrent de nous, le vieillard m'adressa la parole.

- Jeune fille, peut être t'ai-je mal juger. Tu m'as prouvé que tu étais une bonne personne, je te remercie du fond du coeur, dit-il tout en s'inclinant devant Juna et moi, toi aussi jeune fille de l'air. Merci.

Hikari nous adressa un grand sourire, sûrement trop émue pour pouvoir prononcer la moindre parole. Ils se retirèrent chez le vieillard, je me retrouvais seule avec Juna. C'était le moment de se dire au revoir.

- Bon ... Et bien ... En espérant te revoir bientôt ...

- Prends soin de toi, me répondit-elle avec un grand sourire.

Nous nous embrassâmes chaleureusement, et je retournais vers ma nation du feu. Sur le chemin du retour, alors que je songeais à notre aventure achevée, quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'aperçus le jeune fils du feu qui m'avait provoqué en Agni Kaï. Je restait immobile quelques secondes, il ne m'avait pas vu et je n'avais pas envie de provoquer un nouveau conflit. Je fis alors demi-tour le plus discrètement possible, lorsqu'une voix forte m'interpela.

- Eh ! Toi ! Viens par là !

A contre cœur je me retournai et sursautai quand je vis le jeune homme cavaler en ma direction.

- Te défiles-tu une fois encore ? Ou acceptes-tu de finir notre duel non achevé ?

Je soupirais longuement, avant de répondre :

- Si tu tiens vraiment à te faire vaincre, qu'il en soit ainsi.

- Demain à la première heure, même point de rendez-vous, dit-il, l'air hautain.

Et il détourna les talons sans même m'adresser un regard. Et c'est repartit ... pensais-je, lasse.

Bravo!

Lena+175XP!
Juna+170XP!(+1 Ceinture!)

+3pdN NF!
+3pdN NA!